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Deinococcus radiodurans et les biocarburants de deuxième génération

Les biocarburants de première génération ont émergé il y a 20 ans environ Ils ont une part de responsabilité dans la crise alimentaire mondiale actuelle . Ils détournent plusieurs millions de tonnes de denrées alimentaires : les plantes riches en sucre (betterave) ou en amidon (pomme de terre) permettent de produire de l’éthanol mélangé à l’essence. Les plantes riches en huile (colza, tournesol), sont transformées en biodiesel mélangé au diesel que nous connaissons. Les biocarburants de deuxième génération, eux, n’utilisent pas de denrées alimentaires pour leur fabrication et ils constituent donc une alternative énergétique durable.

Biocarburant : Deinove réalise une première mondiale grâce à la bactérie déinocoque

En savoir plus: http://www.maxisciences.com/biocarburant/biocarburant-deinove-realise-une-premiere-mondiale-grace-a-la-bacterie-deinocoque_art26597.html
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Biocarburant : Deinove réalise une première mondiale grâce à la bactérie déinocoque

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Biocarburant : Deinove réalise une première mondiale grâce à la bactérie déinocoque

Publié par Émeline Ferard, le 22 septembre 2012 / Maxisciences.com

La société DEINOVE basée à Montpellier est parvenue à concevoir du biocarburant de 2e génération grâce à un procédé "tout-en-un" utilisant une bactérie appelée déinocoque. Maxisciences s'est entretenu avec Jacques Biton, directeur général de la société qui nous en dit plus sur cette "première mondiale".

Deinove a reçu un coup de pouce de 6 millions d'euros de l'Ademe et du commissariat général à l'investissement.Maxisciences - Quelle différence existe t-il entre les biocarburants de première génération et ceux de deuxième ? Jacques Biton - Le bioéthanol de première génération est fabriqué à partir de biomasse alimentaire. Cela peut-être de la canne à sucre, de la betterave, du maïs ou encore du blé. Mais ces matières ne sont pas 100% transformables. Pour le blé par exemple, on ne peut utiliser que 80% du grain, c'est ce qui sert à faire la farine et ce qu'on peut consommer. Les 20% restants représentent le son du blé et ne peuvent être transformés avec les procédés employés. Il faut savoir que tout se passe en deux étapes. Tout d'abord, le grain est mis en contact avec une enzyme qui va transformer l'amidon du blé en glucose. Puis le produit obtenu est placé dans des fermenteurs où se trouve une levure qui convertit le tout en eau et en éthanol. Il suffit alors de séparer les deux pour obtenir le biocarburant. Mais ce procédé est long, coûteux et n'utilise pas toute la matière disponible. Le but du biocarburant de deuxième génération est donc de se servir de 100% de la biomasse qui pourrait être aussi bien alimentaire que non-alimentaire. Pour le blé par exemple, cela inclut non seulement le son mais aussi les feuilles, la tige et même la paille.

Comment fonctionne le procédé mis au point par Deinove ? Tout repose en fait sur la présence d'une bactérie, le déinocoque qui possède la propriété naturelle de fabriquer du bioéthanol. En travaillant sur cette bactérie et en l'optimisant, nous avons réussi à qu'elle se charge de tout le processus. C'est donc à la fois elle qui dégrade la biomasse mais aussi elle qui convertit le glucose en éthanol. Pour notre procédé, nous sommes également partis d'une biomasse à base de blé mais nous n'utilisons pas que la partie noble du grain : les 100% du blé sont utilisés. Nous avons alors travaillé sur un grand nombre de souches de déinocoques que nous avons sélectionné au fur et à mesure. Puis nous n'en avons gardé que deux et l'une d'elle a fourni un résultat plus que satisfaisant : elle a permis d'obtenir un titre en alcool de 3%. 

Quels sont les avantages d'utiliser cette bactérie ? Actuellement, nous sommes les seuls à travailler sur le déinocoque qui est une bactérie très particulière et pas facile à manipuler. D'autres équipes travaillent sur d'autres procédés à base de levure OGM mais nous sommes les premiers à obtenir des résultats si prometteurs pour un biocarburant de deuxième génération. L'avantage avec notre procédé est que tout se fait en une seule étape, il est donc moins coûteux et nécessite moins d'énergie. Il n'y a besoin d'aucun additif, ni antibiotique, ni enzyme, pour que cela fonctionne, c'est du "tout en un". Et comme le déinocoque est une bactérie très robuste et stable génétiquement, elle ne risque pas de perdre ses propriétés ni de souffrir de stress physique ou chimique. Du côté des températures, notre procédé est également plus simple puisque que la bactérie peut très bien travailler à 50°C contrairement aux levures qui ont besoin d'une température de 34°C. Cela limite les sauts de température et économise donc encore plus d'énergie.

En quoi les déinocoques sont-ils si particuliers ? Ces bactéries sont les plus résistantes au monde. Pour la petite histoire, elles ont été découvertes en 1956 par hasard par des militaires qui cherchaient à stériliser leurs rations de combat. Pour cela, ils ont décidé d'irradier leurs conserves avec un rayonnement atomique en utilisant des doses colossales. Quelques jours après, ils ont alors vu que les boites avaient gonflé, ce qui est un signe de contamination bactérienne. Ils les ont ouvertes et ont trouvé d'étranges bactéries ressemblant à des framboises, les déinocoques. Par la suite, les scientifiques qui les ont étudiés ont confirmé leur incroyable résistance. Ces bactéries sont tellement robustes qu'elles survivent à un rayonnement 1000 fois supérieur à celui qui nous aurait déjà causé de sévères brûlures. En à peine 4 heures, elles parviennent à réparer la totalité des cassures d'ADN provoqués par le rayonnement. Certains les ont même surnommées "Conan la bactérie".

Une tétrade de Deinococcus radiodurans (Source : Wikipédia)Comment est venue l'idée de travailler sur ces bactéries ? Le professeur Miroslav Radman co-fondateur de Deinove a commencé à travailler sur les déinocoques et a réussi à révéler les mécanismes génétiques de leur résistance. C'est de là qu'est partie l'idée de fonder en 2006, Deinove avec le docteur Philippe Pouletty pour en savoir plus sur les bactéries et exploiter leurs propriétés naturelles. Au cours des dernières années, la société a développé de véritables outils, ce qu'on appelle une plateforme biologique, pour manipuler les déinocoques, les faire évoluer, les faire se croiser, etc. On a déposé au total 15 brevets qui ont ouvert la voie à l'utilisation de ces bactéries dans plusieurs domaines dont les biocarburants.

Après ce premier résultat prometteur, quelles sont donc les prochaines étapes ? Les résultats obtenus sont une preuve pour nous et les financeurs que nous pouvons passer à l'étape suivante. Maintenant, nous voulons réussir à obtenir des concentrations plus importantes en alcool, de passer de 3° à 8 ou 10° en éthanol. Après cela, nous nous attaquerons aux volumes utilisés. Aujourd'hui, nous travaillons avec des petits fermenteurs de un, deux, trois litres. Mais au niveau industriel, les cuves font plusieurs centaines de litres. Nous devons donc augmenter peu à peu les volumes pour voir si les résultats sont aussi concluants à une échelle plus importante. Si c'est le cas, nous passerons alors le projet à notre partenaire TEREOS, leader français et second fabricant européen de bioéthanol. C'est lui qui se chargera du développement industriel du procédé. Si tout se passe bien, la première usine fonctionnant avec notre procédé pourrait voir le jour dès 2014. Jusqu'ici, nous avons tenu les délais prévus mais nous avons encore du chemin à parcourir. Les prochains résultats devraient arriver en 2013.

Toute reproduction interdite sans mention explicite du site Maxisciences. 

Source : http://www.maxisciences.com/biocarburant/biocarburant-deinove-realise-une-premiere-mondiale-grace-a-la-bacterie-deinocoque_art26597.html

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021