Les étudiants disparus au Mexique, du narcoterrorisme?
Les familles des étudiants disparus pensent qu'ils sont encore vivants. Elles ne croient pas à la version officielle, selon laquelle ils auraient été assassinés et brûlés au-delà de toute reconnaissance possible par des narcotrafiquants du cartel des Guerreros Unidos, à qui la police municipale les aurait livrés.
Depuis la disparition de 43 étudiants d'Ayotzinapa, le Mexique traverse des moments difficiles, et on parle de plus en plus de narcoterrorisme.
L'indignation est grande, et le Mexique vit l'une de ses plus grandes crises récentes. Le sentiment est que la guerre au narcotrafic, lancée en 2006 par le président Calderon, a été perdue par son successeur Enrique Peña Nieto. On parle maintenant de narcoterrorisme.
LA DÉTERMINATION DES FAMILLES
Depuis les événements du 26 septembre, il n'y a plus de classe à l'école normale rurale Raul Isidro Burgos. Les familles des disparus assurent une permanence au gymnase d'Ayotzinapa. Elles reçoivent les dons en aliments et les affiches exprimant le soutien à leur égard. Au même endroit, des repas gratuits sont distribués trois fois par jour.
UNE PÉPINIÈRE DE LA GUÉRILLA?
Les murs de l'école sont tapissés d'images des héros socialistes de l'histoire mondiale : Marx, Lénine, Che Guerava et des idoles locales de la guérilla dans l'État du Guerrero.
Lucio Cabañas, exécuté par les autorités en 1974, est l'un d'entre eux. Issu de l'école normale rurale d'Ayotzinapa, il fonde le Parti des pauvres et passe à la clandestinité.
L'école normale a encore une réputation de pépinière de la guérilla, qui sévit toujours dans le Guerrero (EPR). L'école a été fondée en 1928.
LES AFFAIRES PERSONNELLES DES DISPARUS
Dans cette chambre, il reste un seul étudiant. Les cinq autres font partie des 43 disparus. Leurs affaires personnelles sont restées telles quelles. Les étudiants de la « Normale » sont tous des enfants de paysans ou d'ouvriers indigènes, qui n'ont pas les moyens d'étudier ailleurs. Ils dorment à même le sol dans des chambres minuscules.
APPRENDRE L'AGRICULTURE ET L'ÉLEVAGE
Au cours de leurs quatre années d'études, les futurs instituteurs apprennent aussi les meilleures techniques d'agriculture et d'élevage. En temps normal, les fonds publics sont insuffisants. Depuis les événements du 26 septembre, ils ont été coupés, et les produits de la terre servent à nourrir les étudiants.
COLLUSION ENTRE LE CARTEL ET LES AUTORITÉS D'IGUALA
La petite ville d'Iguala, qui compte 141 000 habitants, est une plaque tournante de la drogue. Les laboratoires clandestins de la Sierra Madre, une chaîne de montagnes impénétrable, produisent de la marijuana, du pavot pour l'héroïne, et des méthamphétamines.
Le principal cartel local, los Guerreros Unidos, est soupçonné d'avoir infiltré toutes les autorités publiques, politiques et policières. Le massacre d'Iguala et les 43 disparitions ont fait la preuve de cette collusion.
HOMMAGE AUX ÉTUDIANTS MORTS LORS DE LA FUSILLADE
En cet endroit, deux étudiants ont trouvé la mort dans la fusillade de la police municipale, qui a duré toute la nuit. Un des trois autobus, dans lesquels les étudiants se sont trouvés piégés au carrefour, a été littéralement criblé de balles.
Un des survivants dit que les policiers ont emporté une vingtaine d'étudiants, morts ou vifs. Les autres ont été kidnappés lors d'une autre fusillade à la sortie de la ville après que leur autobus eut aussi été criblé de balles.
UNE RÉCOMPENSE POUR QUI TROUVERA LES ÉTUDIANTS
Une récompense d'un million de pesos, soit moins de 100 000 $, est promise à qui aidera à retrouver les 43 étudiants disparus. Avec autant d'acteurs du drame, dans la police municipale notamment, il est étonnant que les étudiants restent introuvables sept semaines plus tard. La police municipale a été remplacée par la gendarmerie, un nouveau corps policier fédéral.
« CI-GÎT LA CONSTITUTION »
« Ci-gît la Constitution politique des États unis du Mexique », dit la pancarte déposée devant les croix symbolisant la mort de trois étudiants de la « Normale ». Elles se trouvent devant le palais municipal qui a été incendié par des manifestants. Le bilan du massacre : 6 morts, dont 3 qui n'ont aucun rapport avec l'école normale, 25 blessés et 43 disparus.
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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021