Très attendue, l'étude sur les conséquences de la pollution autour de l'étang de Berre ne dit finalement pas tout.
Un an après notre enquête à Fos-sur-Mer où « tout le monde meurt d'un cancer », une étude sur les conséquences de la pollution atmosphérique autour de l'étang de Berre vient confirmer un excès d'infarctus du myocarde et de leucémies aiguës. Mais « il n'est pas impossible que ces résultats soient dus au hasard »…
Les médecins sont des gens prudents. Et les médecins de santé publique en région PACA le sont encore plus. C'est ce qu'on constate en lisant l'étude sur l'état sanitaire de la population vivant dans « l'une des zones les plus polluées de France », très attendue et dont les conclusions restent timides.
Inquiets de l'installation de l'incinérateur à ordures de l'agglomération marseillaise, associations et médecins avaient demandé une étude exhaustive, notamment un registre des cancers. Las, ils ont obtenu une étude sur un éventuel excès d'hospitalisations pour pathologies cardio-vasculaires et respiratoires, et pour cancers, qui vient confirmer prudemment certaines inquiétudes.
Qu'apprend-on ? Pour faire simple :
- Il y a un excès d'hospitalisations pour infarctus du myocarde chez les femmes dans les communes moyennement ou très impactées par le dioxyde de soufre (SO2). Le risque peut aller jusqu'à 54% dans une commune surexposée par rapport à ses voisines.
- Le risque d'être hospitalisé pour une leucémie aiguë est 2,5 fois plus élevé chez les hommes les plus exposés à ce polluant que dans la moyenne des communes.
L'Institut National de Veille Sanitaire (INVS), auteur de l'étude reconnait que la pollution a des « effets sanitaires plausibles », elle met aussi en avant les « limites » :
« Il n'est pas impossible que ces résultats soient dus au hasard ou que certains facteurs de risques individuels (tabagisme, hypertension artérielle, exposition professionnelle) non pris en compte dans ce type d'analyses, puissent expliquer les excès d'hospitalisation observés. »
Les cancers de la vessie et du rein seront surveillés
Laurence Pascal, l'épidémiologiste qui a conduit l'étude pour l'INVS commente ses conclusions mi-chèvre mi-chou :
« Nous avons un signal, à vérifier, mais pas une urgence. Il n'y a pas de possibilité de causalité entre ces hospitalisations et la pollution, mais on peut parler de facteur de risque. La difficulté des maladies environnementales est qu'elles sont multifactorielles. Maintenant, on va surveiller les cancers de la vessie et du rein par un réseau de médecins sentinelles. »
Le généraliste de Port-Saint-Louis-du-Rhône, Vincent Besin, inquiet depuis des années des « maladies environnementales » qu'il observe sur ses patients, se félicite de « la bonne volonté, pour la première fois, d'un organisme d'Etat ». Mais il attend surtout la suite :
« Ils vont chercher à prouver ce qu'on sait déjà. J'aimerais aussi qu'on étudie des pathologies auxquelles on ne pense pas, comme le diabète de type 1, dix fois plus important à Port-Saint-Louis-du-Rhône qu'au niveau national. Notre territoire est microscopique et la maladie auto-immune, bien que très inquiétante, rare. »
« Un premier pas vers la connaissance »
Tout le problème est le décalage temporel entre ce que vivent les riverains de ces industries, ce que constatent leurs médecins, et la reconnaissance des causes par les statisticiens des agences de santé publique.
Ainsi, les habitants du pourtour de l'étang de Berre, n'avaient pas le droit d'utiliser les chiffres mentionnés dans le rapport préliminaire d'Azziz Atieh en 2006, jugé trop peu scientifique. L'ingénieur stagiaire à l'Ecole nationale de santé publique remarquait alors :
- « Une surmortalité par cancers est notée pour les cantons comprenant Istres, Saint-Mitre-les-Remparts, Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis du-Rhône » ;
- « Une surmortalité importante par maladies de l'appareil respiratoire, bronchites chroniques et maladies obstructives chroniques est observée à Port-Saint-Louis du-Rhône »
Laurence Pascal estime que son étude « a été bien accueillie, même s'il y a des tensions ». Ce que confirme Jacques Carle, du Collectif Citoyen santé environnement de Port-Saint-Louis-du-Rhône :
« Notre sentiment est mitigé : il y a quand même quelque chose qui va moins bien ici qu'ailleurs. L'étude n'a pas mis en évidence tous les types de cancers, mais c'est un premier pas vers la connaissance. Maintenant on attend une analyse, non plus des hospitalisations, mais de la mortalité. »
Je connais bien Fos sur Mer pour y avoir passé mes vacances durant plusieurs années. L'air est devenu irrespirable et empeste le petrole à des kilometres à la ronde . L'eau de mer devoile des produits petroliers dedans...Les plates formes petrolières etaient à peine à 1 km des plages...J'ai cessé d'y aller. Trop de polllution !!!
Ton article est bien documenté sur ce sujet devenu grave : il y en a ras le bol de voir l'argent privilégié par des oragnismes privés au detriment de la santé de la population !
Bises
Marie-Ange