La Poste, dont le président Jean-Paul Bailly avait lui-même lancé l'idée d'un changement de statut à l'été 2008, s'est d'ailleurs offert une pleine page de publicité pour célébrer sa nouvelle coquille.

Illustrée de ses différents logos à travers l'histoire, elle a été publiée dans les quotidiens nationaux et régionaux et le sera ces jours-ci dans les hebdomadaires.

Jusque-là établissement public industriel et commercial (Epic), La Poste est désormais une société anonyme à capitaux publics, l'une des dernières à franchir ce cap en Europe.

"Un jour de célébration" pour la ministre de l'Economie Christine Lagarde, qui inaugurait une plate-forme industrielle de traitement du courrier à Bois d'Arcy (Yvelines) et a rappelé que La Poste est le "service public préféré des Français".

La Poste reste à "100% un établissement public avec les petites voitures jaunes, avec des hommes et des femmes qui se sentent des salariés du public", a renchéri à ses côtés son collègue de l'Industrie, Christian Estrosi.

Pour les partisans de la réforme, La Poste avait besoin d'un nouveau statut pour s'adapter à internet et à l'ouverture totale à la concurrence du secteur postal en Europe, prévue le 1er janvier 2011.

Un argument rejeté par l'opposition et les syndicats, pour qui cela ouvre la voie à une privatisation.

"Si nous revenons au pouvoir, les choses ne resteront pas en l'état", a ainsi affirmé lundi à l'AFP Razzy Hammadi, secrétaire national du PS aux services publics, en estimant que "la tromperie et le mensonge ont été les principaux arguments de ce changement de statut".

Si elle revient au pouvoir, la gauche devra "remettre en cause ce qu'a fait la droite, non pas pour revenir en arrière, mais pour aller de l'avant en garantissant le réseau postal, par une nationalisation du réseau postal (...) c'est le cas aux Etats-Unis, que le Japon s'y prépare", a-t-il déclaré.

Lundi est "un jour de deuil", a décrété pour sa part le leader du Parti de gauche (PG) Jean-Luc Mélenchon, estimant que La Poste "va devenir une boîte comme les autres, préoccupée d'une seule et unique chose: encore plus de rendement, encore plus de profits".

Au plus fort de ces 18 mois de débat politique et de contestation sociale, une "votation citoyenne", sans valeur juridique, a été organisée en octobre.

Dans 10.000 "bureaux de vote" improvisés (mairies, marchés, gares...), 2,3 millions de personnes ont ainsi répondu non à la question: "Le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser: êtes-vous d'accord?".

La loi se veut rassurante, stipulant que "cette transformation ne peut avoir pour conséquence de remettre en cause le caractère de service public national de La Poste" et assurant que l'Etat gardera une part majoritaire.

De même, le statut des fonctionnaires est confirmé, un nombre minimum de 17.000 points de contact est garanti et l'actionnariat salarié est désormais possible.

Son nouveau statut lui ouvre la voie à une augmentation de capital: dans les prochains mois, La Poste va recevoir 1,2 milliard d'euros de l'Etat et 1,5 milliard de la Caisse des Dépôts et Consignations.