Une aberration pour les associations de défense des étrangers (1) qui ont écrit, le 29 juillet dernier, une lettre ouverte à Roselyne Bachelot. «L’instauration d’un forfait d’entrée à l’ouverture serait un recul majeur de la politique de santé et des principes fondateurs de l’aide sociale» écrivent-elles, ajoutant qu’elles jugent cette réforme «dangereuse pour les personnes concernées, contraire aux enjeux de santé publique et financièrement contre-productive». Le gouvernement n’en est pas à son coup d’essai. Un projet de décret élaboré en 2004 instituait une contribution aux frais de santé par l’intermédiaire d’un ticket modérateur, mais n’a jamais été mis en place, du fait de l’opposition des professionnels de santé et des associations. Pour Didier Maille, de l’Observatoire du droit à la santé des étrangers, un ticket modérateur se transformerait en «ticket d’exclusion des soins» : «Ce n’est pas propre aux étrangers, précise t-il. Mettre des obstacles financiers à l’accès aux soins revient à exclure les gens qui ont de faibles revenus. Or laisser 200 000 personnes hors des soins est extrêmement dangereux pour la santé publique».

(1) Le Collectif interassociatif sur la santé, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, l’Observatoire du droit à la santé des étrangers et l‘Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et sociaux.

Article publié dans l'Humanité du 12 août