Le constat de l'après Charlie

Il y a eu l’avant Charlie, c’était le quotidien de tout un chacun, la routine. Il y a eu le phénomène Charlie, avec ces attentats, puis ces mouvements de foule en hommage. Et puis après, que va t’il se passer ?
Il semblerait que l’après soit déjà le présent, et il est loin d’être drôle ou solidaire…

1. « l’unité nationale, la solidarité française »

Deux notions dont nous étions si fiers ce 11 janvier lors des nombreuses marches dans toute la France.
Et bien il semblerait que ces deux « qualités » n’aient pas duré longtemps, car e, effet ce matin on pouvait lire :
« «Charlie Hebdo»: Face à la rupture de stock, l'hystérie collective
La France se lève au chant du kiosque. Le Charlie Hebdo des survivants s’est arraché dans tous les points de vente de l'hexagone. Ce mercredi, avant 10 heures, le nouveau numéro du journal satirique était déjà épuisé dans les 27.000 points de vente de presse, a indiqué l'Union nationale des diffuseurs de presse (UNDP). 700.000 exemplaires ont été livrés ce matin, alors qu’un million d'exemplaires devrait être acheminé vers les points de presse dans la journée.
Les kiosques ont été pris d’assaut par des acheteurs impatients. La pénurie a donné lieu parfois à des scènes d’hystérie collective. A Dijon, par exemple, le kiosque de Sainte-Chantal a dû être évacué, non sans mal, par la police. Des clients avaient insulté la vendeuse, qui a décidé de baisser le rideau, rapporte le Bien Public.
A Vierzon (Cher), même combat. Dès l’ouverture de leurs magasins, les kiosquiers reçoivent des insultes de la part de ceux qui n'ont pu acheter le précieux sésame. Les responsables indiquent au berry.fr avoir hésiter à «fermer la boutique et laisser les gens se battre sur le trottoir».
Les coups de poing volent
Comme un premier jour de soldes, des clients téméraires se sont glissés sous le rideau de fer, qui s'ouvrait à peine, ce matin, dans une supérette du XXe arrondissement de Paris. «Vous n’avez pas honte? C’est le retour à Cro-Magnon!», a lancé le vendeur, débordé. «Sous les invectives, certains arrachent Charlie des mains de leur voisin ou de leur voisine. Quelques coups de poing volent», rapporte l’AFP.
>> «Il me le faut, c'est un collector»: files d'attente devant les kiosques pour «Charlie Hebdo»
Scène tout aussi surréaliste à la gare Saint-Jean de Bordeaux. «Ils se sont battus pour sauter leur tour. Et une femme s'est même approchée de ma caisse pour essayer de m'acheter avec un billet de 10 euros, vraiment n'importe quoi!», se désole un kiosquier à l’AFP. Sur Twitter, plusieurs internautes ont relayé des scènes similaires.
Et des tweets, relatant d’autres faits : « Bagarre au relais de la gare de Tours pour acheter CharlieHebdo » ; « scènes de bagarre et insultes au Furet du nord (Lille), pour  CharlieHebdo » ; « Dans les Alpes-Maritimes ça se bouscule et bagarre pour avoir Charlie »

Evaporée la « solidarité française » ? Bisounours dimanche et barbare mercredi ?

2. « l’état protecteur et rassurant »

Après les interventions qui mirent fin aux agressions, presque unanimement la pensée était du style « Oui, les forces de l’ordre ont bien fait leur boulot et nous ont sauvé des terroristes. Oui, le gouvernement a su agir efficacement et intelligemment pour nous protéger. »
Et bien ce si généreux gouvernement semble, comme je vous en avais mis en garde dans mon article précédent, ne pas tarder dans sa réaction « sécuritaire », … à sa façon ; comme on peut le constater dans cet article parmi tant d’autres :
« Attaques terroristes à Paris: 54 procédures pour «apologie du terrorisme» ouvertes en une semaine, Taubira prône la «fermeté»
La Chancellerie a annoncé ce mercredi que 54 procédures ont été ouvertes pour «apologie du terrorisme» depuis la tuerie de Charlie Hebdo, mercredi dernier. Un homme a été condamné lundi à quatre ans de prison à Valenciennes (Nord) pour avoir félicité les frères Kouachi pour leurs actions, devant des policiers. Mardi, c'est un homme qui avait diffusé sur Facebook une vidéo qui se moquait d'Ahmed Merabet, le policier à vélo tué par les frères Kouachi, qui a été condamné à un an de prison à Nanterre.  Et ce mercredi matin, c'est Dieudonné qui a été placé en garde à vue pour «apologie du terrorisme» après qu'il a écrit dimanche sur les réseaux sociaux «je me sens Charlie Coulibaly».
Plus d’autres blogueurs ou facebookers en comparution immédiate  (et donc sans jugement) pour propos jugés comme tels. Des phrases, des dessins, le plus souvent humoristiques, mais grinçant, style Charlie Hebdo, d’ailleurs, qui envoient direct en prison, sans passer par la case départ, des internautes dubitatifs.
http://www.20minutes.fr/societe/1516867-20150114-nanterre-homme-condamne-an-prison-avoir-diffuse-video-faisant-apologie-terrorisme

C’est ça la grande lutte contre le terrorisme ? Pour notre liberté ?
Nous avons défilé en masse pour la liberté d’expression dimanche, nous avons applaudi les forces de l’ordre et encensé notre gouvernement. Et dès le lendemain, ceux-la même que nous admirions, viennent emprisonner des gens qui s’exprimaient librement !

On pourrait faire un troisième chapitre sur la montée du racisme, de la haine envers l’étranger, de la multiplication des contre-attentats contre les musulmans, mais je n’en ai pas envie ; je suis assez dégoutté sans cela.

Et dire que ce matin, on pouvait lire dans la plupart des journaux que 80 % de la population du pays est fière d’être française désormais.
Franchement, il n’y a pas de quoi !

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Commentaires (2)

Robert Huet
  • 1. Robert Huet | 18/01/2015
Mon avis, la grande guerre postmoderne est déjà commencée et le troupeau va suivre et même applaudir tout ce que le gouvernement sous-influence néfaste va promulguer. C'est vraiment triste et déprimant de voir la France dans cet état pitoyable. Les oligarques américains vont sacrifier l'Europe pour leurs intérêts. Je crois que si la tendance se maintient se sera la fin de toute civilisation sur Terre.

Je n’écrirai plus aux 7 du Québec parce Charles Tremblay et Paul Laurendeau se moquent des lecteurs du blog. Le faux Demian West sert à gonfler l'ego de Paul et à nous faire croire que Paul est pour la liberté d'expression. En fait Paul et Charles contrôlent tous les textes qui leur sont envoyé et ne font apparaître que ceux qui servent leur agenda. La liberté d'expression, ils s'en foutent carrément aux 7 du Québec.
Odile
  • 2. Odile | 11/02/2015
Je suis triste bien sûr de la mort de nos "charlies" mais aussi de cet agent d'entretien à l'enterrement duquel bien peu d'officiels étaient présents... mais je suis surtout très en colère : en colère de voir la récupération politique , revoilà Hollande en haut perché (tiens pourquoi avoir fait un sondage précisément après cet assassinat ?), qui défile dans les rue de Paris avec à son bras des chefs d'état à qui charlie n'aurait jamais serré la main, revoilà les gogos qui défilent au pas en applaudissant les flics qui ont quelques mois plus tôt descendu un jeune manisfestant non armé (manif du barrage dont j'ai oublié le nom), ses parents doivent être ravis... et enfin le clou : de nouvelles lois liberticides (si les charlies avaient su !)

J'aurais plutôt aimé une foule en colère qui demande en hurlant la démission de nos responsables, ministre de l'intérieur d'abord et le premier avec, comme les espagnols l'on exigé en 2004 lors des attentas de Madrid, parce que si on peut se promener dans les rues de nos villes avec des mitraillettes, alors là y'a un problème à l'intérieur. N'oublions pas non plus que ce sont des mecs de gauches qui ont été flingués, des libertaires, et si tous ceux qui arborrent le slogan "je suis charlie" votaient comme eux, on ne serait pas dans cette m...

Ma fille m'a dit le lundi suivant "de toute façon ça va continuer !" et quelque part elle avait peur.

Ben non, si nos charlies se sont faits flinguer pour des dessins, une semaine plus tard il y en avait 7 millions d'exemplaires dans les rues, de ces dessins, et rien, pas l'ombre d'une tentative d'incendie d'un kiosque, pas de coups de feu, rien ... alors ? c'est pas rien 7 millions quand même !

j'ai pas mal écouté canal plus cette semaine là, et un journaliste a rapporté à un de ses confères les paroles suivantes "le jour où on va savoir, on va vraiment passer pour des cons".

ça laisse rêveur.

alors non, je n'ai pas peur de ces soit disant islamistes radicaux, mais plutôt de tous ceux qui sont prêts à tout pour garder le pouvoir et se gaver sur notre dos. Mais ce serait si facile de faire en sorte que la peur change de camp : la Grèce l'a compris...

Attention, je ne crie pas à la théorie du complot, bien que beaucoup y croient, je crie ma rage contre ceux qui laissent faire le pouvoir et le suivent comme des moutons, un pouvoir qui a déjà tué un préfet en Corse, une député à Nice, un juge à Lyon, un ministre à Paris...
J'espère seulement que la Grèce va faire tâche d'huile :-))

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021