La France a trouvé son Trump

« Le député de Paris sera le candidat de la droite à l’élection présidentielle. Avec 66,5 % des suffrages, il a nettement battu Alain Juppé lors du second tour de la primaire. » : source Le Monde.
Partant du fait avéré et indiscutable que le FN est actuellement le premier parti de France, il est clair que Marine Le Pen sera présente au deuxième tour des présidentielles de 2017.
Constatant le fait que le PS au gouvernement a énormément déçu à droite (mais là, c’est classique !), et à gauche (ça devient récurrent, mais pas encore classique), pour avoir mené une politique « trop sociale, et pas assez sécuritaire » d’un côté, et « pas assez sociale, et beaucoup trop sécuritaire » de l’autre, en plus d’être « beaucoup trop libérale, en continuité des premiers râleurs, qui là, n’ont pas trop applaudi, alors que les encartés PS étaient déçus, voire frondeurs », il semble assez évident que le prochain second tour des présidentielles sera, pour les gens de gauche un vote pour « le moins pire ».
Donc, qui est vraiment le « moins-pire », notre Hillary Clinton, en quelque sorte ?

François Fillon, futur président ?

Il est clair que les USA ont une énorme longueur d’avance concernant la politique ultra-libérale, et que donc,  en France (surtout au sein de l’électorat socialiste d’ailleurs), nous comparons Trump à notre FN local. Grossière erreur : Donald Trump n’est qu’un représentant du parti républicain ; tout comme d’ailleurs notre François Fillon, non ? (comment s’appelle son parti ?).
Donc … attendez, je recule : je m’embrouille dans tout ça … Pas vous ?
Bon, allez, ressaisis toi Chien Gué !
Oui, donc, aux States, le bipartisme (qui nous guette, nous français), a tellement pris la main sur les élections, que Républicains et Démocrates se retrouvent désormais avec des « presque » communistes comme Bernie Sanders, d’un côté, et des presque « extrême droite » comme  … leur nouveau président.
Enfin bref : où classer François Fillon, dans notre mimétisme du modèle américain ? Un démocrate à la Hillary ? Non : ça c’est Hollande ;-) ! Un républicain alors, vu qu’en France, nous avons encore des partis classés « extrêmistes » ou « radicaux », mais pas aux States. OK, c’est donc un républicain ! Comme Trump alors ? Celui qu’en France on compare à Marine Le Pen ?
Juste pour vous laisser savourer, et surtout, en espérant vous faire vous questionner, je vous livre une partie du programme de Monsieur Fillon.


De la fin des 35 heures au «récit national» : ce que propose François Fillon

Le programme de François Fillon, c’est notamment une potion libérale dans laquelle les aides aux entreprises sont compensées par des économies massives sur la fonction publique et une hausse de la TVA ; un conservatisme appuyé sur les questions sociales (famille, immigration, éducation) ; et la volonté de faire de l’histoire de France un grand «récit national» sans la moindre «repentance». Retour sur les grands engagements de campagne du candidat arrivé en tête.

Travail

François Fillon veut «la libération de l’économie» : c’est la «première priorité» de son programme, dont les grandes lignes sont résumées sur son site. Et pour libérer l’économie, rien de tel, par exemple, que de supprimer les 35 heures, une «utopie». Dans la fonction publique, cela consisterait à faire passer le temps de travail à 39 heures hebdomadaires, pour «réduire le nombre de postes de fonctionnaires jusqu’à 500 000» au cours du mandat. Avec 5,4 millions de personnes comptabilisées dans l’ensemble de la fonction publique au 31 décembre 2013, cela signifierait une baisse d’environ 10% des effectifs actuels. Au total, Fillon escompte, rien qu’avec ça, réaliser jusqu’à 15 milliards d’euros d’économie.

Dans le privé, Fillon veut que des accords puissent être négociés entreprise par entreprise (et, pour les TPE, que les accords de branche prévalent). Il serait ainsi possible d’instaurer une semaine allant jusqu’à 48 heures de travail, la limite légale fixée au niveau européen. Evidemment, pour que ça marche, mieux vaut avoir des syndicats plus conciliants que la CGT, nommément visée : «la faible représentation syndicale favorise le syndicalisme politique alors que l’économie a besoin d’un syndicalisme d’adhésion constructif et force de proposition», lit-on dans son programme. Fillon veut donc instaurer le référendum en entreprise et relever les seuils sociaux, qui imposent d’avoir au moins un délégué du personnel, de 10 à 50 et de 50 à 100 salariés. Autre antienne libérale reprise par Fillon : il faudrait licencier plus facilement. Pour cela, il veut que les entreprises puissent invoquer un «motif de réorganisation» dans les procédures de licenciement collectif. Il veut aussi reporter l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans.

Fiscalité

L’autre mesure phare de cette «libération», c’est bien sûr une bonne vieille «rupture fiscale»  consistant en 40 milliards d’euros d’allégements de cotisations pour les entreprises, qui permettront selon Fillon de baisser le taux de chômage «de 10% à 7%», avec notamment une baisse du taux de l’impôt sur les sociétés à 25% (contre 33,5% actuellement). Fillon veut aussi supprimer l’impôt sur la fortune et mettre en place «un taux unique d’imposition des produits du capital proche de 30%».

En résulte un «cercle vertueux» typiquement libéral représenté comme ceci dans le programme de François Fillon. Il n’y est fait aucune mention du salaire, Fillon estimant visiblement que l’embauche entraîne automatiquement la consommation, indépendamment de la façon dont les gens sont rémunérés. Concernant le Smic, tout juste est-il écrit dans son programme qu’il «veut revoir le mécanisme de revalorisation du Smic en prenant en compte les comparaisons européennes pertinentes et la performance économique de la France».

Du côté des ménages, Fillon promet 10 milliards d’euros de baisses d’impôts, notamment avec le «rétablissement de l’universalité des allocations familiales» et la «suppression de la cotisation salariale maladie». Mais pour compenser la perte de ces recettes fiscales, les ménages paieront autrement : le candidat veut augmenter de deux points les deux taux supérieurs de TVA, déjà fixés à 20% et 10% sous François Hollande.

Dette

Avec ce qui a été cité plus haut et l’ambition de faire 110 milliards d’euros d’économie en cinq ans, François Fillon compte ramener le déficit public à 0% en 2022, comme l’indique un graphique sur son site. On relèvera que le candidat prévoit en revanche de laisser filer le déficit à 4,7% du PIB en 2017, tandis que le gouvernement, lui, a prévu 2,7%.
Solidarité et immigration

François Fillon prône un «revenu de solidarité active» qui consisterait en un regroupement de plusieurs allocations : le RSA, l’allocation de solidarité spécifique (versée sous conditions à l’épuisement des droits au chômage), la prime d’activité et les aides au logement. «Le montant maximal alloué sera strictement plafonné», dit le programme, sans préciser le montant du plafond. S’il estime que «tous les Français doivent pouvoir se soigner», François Fillon pense que ce n’est pas le cas des étrangers : il veut supprimer l’Aide médicale d’Etat (AME) en la remplaçant par une «dispense de frais de santé» valable uniquement pour les urgences et les maladies graves ou contagieuses. Pour y accéder, il faudrait aussi accepter «un examen de la situation du séjour», ce qui devrait décourager de nombreuses personnes désirant se faire soigner.

Autre mesure visant les immigrés : «Subordonner l’accès aux principales prestations sociales à deux ans de résidence régulière en France.» Une mesure dont on se demande ce qu’elle changerait à la situation actuelle puisque, à titre d’exemple, le RSA n’est accessible à un étranger extracommunautaire qu’après cinq années de titre de séjour avec autorisation de travailler. Fillon veut aussi limiter la part légale de l’immigration en inscrivant «dans la Constitution le principe selon lequel l’immigration dépend de la capacité d’accueil et d’intégration de la France». Comment serait déterminée cette capacité ? Mystère, mais Fillon veut que le Parlement fixe chaque année des quotas en fonction des origines des immigrés.
Droits des femmes et des homosexuels

Soutenu par le mouvement Sens commun, issu de la Manif pour tous, Fillon ne promet pas l’abrogation de la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Mais il veut revoir «les règles concernant la filiation». «Il ne me paraît pas légitime que la loi permette de considérer qu’un enfant est fils ou fille, de manière exclusive, de deux parents du même sexe. Sa filiation au sens biologique du terme à l’égard d’un père et d’une mère ne doit donc plus pouvoir être effacée par une adoption plénière», a-t-il expliqué dans une interview à la Croix, en juin, sans vouloir supprimer les adoptions simples par des parents de même sexe.

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Sur l’avortement, il a été critiqué à l’extrême droite pour avoir voté, en 2014, en faveur d’une résolution parlementaire reconnaissant l’IVG comme un droit fondamental, puis pour avoir confirmé ce choix dans son livre Faire, paru en 2015. Il a depuis tenté de rassurer la frange réactionnaire en expliquant, lors d’un meeting : «J’ai écrit que l’avortement était un droit fondamental. Ce n’est pas ce que je voulais écrire. Je voulais dire que l’avortement, personne ne reviendrait dessus. Mais philosophiquement et compte tenu de ma foi, je ne peux l’approuver.» (cité par le Figaro Magazine du 1er juillet 2016).

Sécurité et libertés

Avec ou sans état d’urgence, François Fillon annonce qu’il veut limiter le droit de manifester : seuls seraient autorisés «les rassemblements publics que les forces de l’ordre sont capables de protéger». Il propose également des policiers municipaux armés «après formation». Faisant le lien entre immigration et insécurité, il veut aussi «un nouveau traité de Schengen» avec plus de contrôles aux frontières de l’Europe, et plus de possibilités de contrôle pour les Etats.
Education

Ancien ministre de l’Education en 2004-2005, François Fillon a concocté un programme aux petits oignons en la matière, «parce que tout commence par là», écrit-il en en-tête sur sa feuille de route. Il avait donné le ton dès son discours dans la Sarthe en août dernier, parlant de «désastre» de l’Éducation nationale. Il fustigeait alors «la démission de l’Etat devant les syndicats, la dictature des pédagogistes et des réseaux de pouvoirs au sein de l’Education nationale qui est responsable». Ses propositions s’inscrivent dans cette logique, avec le retour symbolique de l’uniforme, laissé à la discrétion des conseils d’administration, dans chaque établissement. Cette mesure fait partie d’un long chapitre consacré au «respect de l’autorité» et au «sens de l’effort».

Il existe beaucoup d’autres mesures, aux conséquences très importantes. Fillon est ainsi favorable à une plus grande autonomie des établissements, «pour mettre fin à un système hyper centralisé», fait valoir Annie Genevard, porte-parole du candidat : dans les collèges et lycées, les principaux et proviseurs pourraient choisir «tous les personnels», et donc recruter les profs qu’ils souhaitent. Une telle mesure serait une révolution dans le système éducatif actuel. «Il est bien évident que cela se fera progressivement, cela prendra du temps mais le principe est posé», précise Annie Genevard. Fillon souhaite aussi augmenter le temps de présence des enseignants dans l'établissement. Et développer une part de la rémunération au mérite. Sur fond de suppressions de poste… Sur les 500 000 postes de fonctionnaires qu’il compte supprimer, il n’a pas donné de chiffrage précis sur le nombre de postes d’enseignants concernés.

Concernant l’enseignement supérieur, grand absent du débat jusqu’ici, Fillon ne revendique pas clairement la mise en place d’une «sélection» à l’entrée de la fac, mais dans les filières sous tension (où les places manquent), il propose de «retenir» les candidats en fonction de leur «prérequis» et leur «talent».

Enfin, François Fillon veut développer l'apprentissage à partir de 15 ans.

International

François Fillon est un grand défenseur du dialogue avec la Russie de Vladimir Poutine, notamment dans le conflit syrien. Dans un texte publié en avril par Marianne, il affirme : «Pour endiguer la progression de l’EI en Syrie, Poutine a fait preuve d’un pragmatisme froid mais efficace. Il a sauvé le régime alaouite d’un effondrement probable et lui a donné les moyens de reconquérir le terrain perdu.»

Sur l’Europe, sa vision est celle d’une «France souveraine au sein d’une Europe qui partage des valeurs communes et un objectif commun : celui de notre souveraineté vis-à-vis de nos autres partenaires». Et pour gouverner le continent, il prône un gouvernement de la zone euro réunissant les chefs de gouvernement, présidé par l’un d’entre eux.
Culture

Considérée comme un «socle» par François Fillon, la culture consiste avant tout, dans son programme, en un «plan patrimoine pour tous»  où 400 millions d'euros par an seraient dépensés pour «restaurer et mettre fin à la dégradation des monuments et objets d’art, au lieu des 328M€ en 2015 et 326M€ en 2016».

Le régime des intermittents est dans le viseur, puisque Fillon veut «lutter contre les abus» en excluant «toute forme d’emploi permanent et notamment les programmes de flux» à la télévision et à la radio. «Il s’agit de revenir à sa raison d’être : la protection contre la précarité liée à la durée limitée dans le temps d’une "création originale" qui fait appel à des talents spécifiques, dans une logique de projet.»

Par ailleurs, loin de vouloir enterrer l'Hadopi, organisme chargé de lutter contre le téléchargement illégal, François Fillon veut au contraire la renforcer «pour la rendre plus efficace et en luttant efficacement contre la contrefaçon commerciale des œuvres musicales, littéraires ou audiovisuelles».

Histoire

«Non, la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord» : ainsi a parlé François Fillon dans un discours à Sablé-sur-Sarthe le 28 août.

Pour l’ancien Premier ministre, pas question donc de céder à la moindre «repentance» : il a assumé sa position devant le leader syndical guadeloupéen Elie Domota sur France 2, quelques semaines plus tard.

Dans une telle perspective, hors de question que les écoliers français grandissent avec un regard trop critique sur l’histoire française : «Si je suis élu président de la République, je demanderai à trois académiciens de s’entourer des meilleurs avis pour réécrire les programmes d’histoire avec l’idée de les concevoir comme un récit national», a aussi annoncé Fillon à Sablé-sur-Sarthe.

Source : http://www.liberation.fr/france/2016/11/21/de-la-fin-des-35-heures-au-recit-national-ce-que-propose-francois-fillon_1529854


Ultracatho, ultralibéral, ultranationaliste, ultraconservateur, et totalement pour les assurances santé privées : un vrai Trump que je vous dis ! Contre les syndicats, contre le droit de manifester, etc, ... UN VRAI DANGER !

Et pour finir, vu qu’il se revendique fan de Margaret Thatcher, et de sa politique, qu’il aimerait faire appliquer en France, une petite perle pour vous faire rêver :

Lettre de Margaret Thatcher à Pinochet : "Votre emprisonnement en Grande-Bretagne était une immense injustice qui n’aurait jamais dû avoir lieu."

Pinochet, ce général chilien (1915-2006) fut arrêté à Londres à la fin de l’année 1998, suite à une plainte internationale déposée en Espagne pour "génocide, terrorisme et tortures". La Dame de fer, Margaret Thatcher (1925-2013) lui a écrit à l’occasion de sa libération, intervenue pour raisons de santé, en 2000.
« Angleterre, le 2 Mars 2000

J’espère qu’au moment où vous recevrez cette lettre, vous serez en route pour votre retour au Chili, sain et sauf. Votre emprisonnement en Grande-Bretagne était une immense injustice qui n’aurait jamais dû avoir lieu.

En vue de votre retour au Chili, les tentatives de colonialisme judiciaire de l’Espagne ont été fermement et, je l’espère définitivement, rejetées. Afin de fêter cela, je joins à ma lettre un service d’assiettes Armada en argent. Ces assiettes ont été créées en Angleterre afin de célébrer une autre victoire sur les Espagnols, celle de notre propre flotte navale contre l’Armada Espagnole en 1588. Je suis certaine que vous apprécierez pleinement la symbolique !

Je tiens adresser tous mes bons vœux à vous et à votre famille pour un futur paisible et sûr. »

Source : http://www.margaretthatcher.org/document/109296


 

Bonus : citation de Noam Chomsky

 « La façon la plus intelligente de maintenir la passivité des gens, c’est de limiter strictement l’éventail des opinions acceptables, mais en permettant un débat vif à l’intérieur de cet éventail et même d’encourager des opinions plus critiques et dissidentes. Cela donne aux gens l’impression d’être libres de leurs pensées, alors qu’en fait, à tout instant, les présuppositions du système sont renforcées par les limites posées au débat ».

Allez voter ailleurs que tout ce qu'on nous offre en permanence dans les medias, camarades !

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Date de dernière mise à jour : 29/11/2016