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L’automne éléctoral aux Amériques, un enjeu planétaire

Des élections présidentielles approchent, dans deux pays clé de la stabilité mondiale. Deux présidents remettent en jeu leur poste, face à deux candidats aux dents longues et surtout aux idées dangereuses.

Le 7 octobre, au Vénézuela, Hugo Chavez affrontera Henrique Capriles, choisi comme candidat unique des 23 partis d’opposition.

Un mois plus tard, aux Etats-Unis le 6 novembre, c’est Barak Obama qui remettra en jeu son titre face à Mitt Romney, candidat républicain ultraconservateur, et d’obédience Mormone.

Les résultats de ces deux scrutins pourraient fortement influer sur l’avenir des relations internationales, entre tous les états de la planète.

 

Vénézuela : Le programme de la patrie contre le paquet néolibéral

Le 7 octobre prochain, les électeurs vénézuéliens sont appelés à élire leur Président. Depuis 1998, Hugo Chavez dirige le pays. Réélu en 2000, après une réforme constitutionnelle, et en 2006, il brigue un quatrième mandat. En effet, en 2009, une nouvelle réforme constitutionnelle portant sur la non limitation des mandats présidentiels a été adoptée. Le scrutin est majoritaire à un seul tour.

Les nombreuses réformes sociales, économiques ont permis de développer le pays, notamment grâce au pétrole. Réformes pas au goût de tout le monde, puisque les USA ont vus leurs parts dans l'industrie pétrolière vénézuélienne passer sous l'égide de l'Etat. Ce qui a renforcé la popularité de Chavez (il bénéficie d'une côte de popularité de plus 50 % d'opinions favorables).

 Jusqu'à présent, le leader de la gauche avait une opposition divisée, mais de nouveaux éléments vont, peut-être, influencer le scrutin :

-l'état de santé de Chavez qui s'est dégradée au cours de l'année 2011 (cancer de la prostate et double opération).

-l'opposition s'est unifiée, au prix de gros efforts. Et c'est Henrique Capriles qui sera le challenger. Gouverneur de l'Etat du Miranda, il a été choisi, au cours de primaires, pour être le candidat du MUD (Mesa de la Unidad Democrática soit la Table de l'Unité Démocratique),coalition regroupant les 23 partis s'opposant à Chavez.

 Élu député en 1998, Henrique Capriles occupe les fonctions de président de la Chambre des députés et de vice-président du Congrès de la République (le dernier et le plus jeune de l'histoire) du 23 janvier 1999 au 28 mars 2000. Il est ensuite maire de la municipalité de Baruta du 30 juillet 2000 au 26 novembre 2008. Enfin, du 29 novembre 2008 au 6 juin 2012, il occupe les fonctions de gouverneur de l'État de Miranda. Il est membre fondateur et leader de Primero Justicia (Justice d'abord), un parti de centre-droit.

Le 12 février 2012, lors d'une élection primaire ouverte à tous les citoyens, il est choisi avec 64,2 % des voix comme candidat de la Coalition pour l'Unité démocratique (Mesa de la Unidad Democrática) pour l'élection présidentielle de 2012. La Coalition regroupe un ensemble de partis, de l'extrême-droite au centre-gauche, qui se sont unis derrière un unique candidat pour éviter la dispersion des voix d'opposition face au président sortant Hugo Chávez.

 La proposition du candidat de la Patrie, le commandant Hugo Chavez pour la gestion bolivarienne socialiste 2013-2019 a été présentée par le président Chavez en personne lorsqu’il s’est présenté comme candidat à la réélection en juin dernier. Ce programme contient cinq grands objectifs stratégiques, qui deviendront le 2e Plan socialiste de la nation « Simon Bolivar ». Parmi les idées contenues dans cette proposition soumise au scrutin public, figure la consolidation de l’indépendance nationale ; la poursuite de la construction du Socialisme bolivarien ; la transformation du Venezuela en une puissance non seulement économique, mais aussi sociale et politique ; la contribution au développement d’une nouvelle géopolitique internationale en faveur de la défense de la vision d’un monde multipolaire, ainsi que la préservation de la vie sur la planète et la sauvegarde de l’espèce humaine.

Telle est, à grands traits, la proposition de gestion du gouvernement pour les six prochaines années, pour assurer la continuité du processus révolutionnaire, ce même processus qui a permis la mise en œuvre de grands projets sociaux, et qui se propose d’étendre d'avantage les programmes de santé, d’éducation, de construction de logements, de développement des services publics, d’augmenter les retraites et d’étendre les missions, entre autres.

 Par contre, l’opposition se propose quant à elle d’appliquer un « package » de mesures néolibérales destiné à ruiner les efforts consentis jusqu’ici en faveur du développement équitable de la société vénézuélienne. Le programme économique présenté par Capriles, appelé Orientations du Programme de gouvernement d’Unité nationale, « prétend rééditer les formules néolibérales au détriment du bien-être de la population », a déclaré le directeur du Groupe de recherche Siglo XXI, Jesse Chacon.

La formule de la droite est la même qui avait été imposée au Venezuela il y a des années. Sous l’étiquette « progressiste », elle contient notamment des mesures orientées vers la privatisation des avoirs publics au profit du capital privé, cherchant à « réorienter » les priorités de l’État.

Ce projet propose ouvertement de démanteler le pouvoir économique de l’État et de supprimer progressivement les programmes sociaux sous prétexte qu’ils sont trop onéreux pour l’État.

À cet égard, Chacon avertit que « comme les classiques recettes néolibérales, ce programme cherche à créer les conditions pour démonter graduellement les droits sociaux par la voie de l’austérité financière et la réduction des dépenses publiques ». Beaucoup de spécialistes qualifient Capriles de « Rajoy caribéen ».

 Les Vénézuéliens ont leurs destinées entre leurs mains : continuer le processus révolutionnaire, où livrer le pays à l’oligarchie et aux transnationales. Selon l’équation des pouvoirs, une victoire de la droite non seulement représenterait un recul dans tout ce qui a été fait en 14 ans de Révolution bolivarienne, mais aussi la possibilité de voir déferler une grande vague contre-révolutionnaire sur le continent.

Sur le plan politique, le Venezuela d’aujourd’hui devra choisir entre deux modèles de développement différents : l’un basé sur la participation populaire, et l’autre géré par des politiciens liés à la bourgeoisie. Les citoyens auront le dernier mot...

 

Etats-Unis : « hard » ou « smart » « power » en politique internationale

 Dans une conférence de presse donnée aussitôt après l’attaque du consulat américain à Benghazi qui a entraîné la mort de quatre américains dont l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye Christopher Stevens, Romney s’est empressé de tenir l’Administration Obama pour responsable de ne pas avoir pris une position assez claire réaffirmant le leadership américain à l’égard de la Libye et des pays ayant vécu le « printemps arabe ». En envoyant « des messages confus » à ces pays et au reste du monde, Washington, selon Romney, n’aurait pas suffisamment défendu les valeurs américaines et cherché à renforcer la position des Etats-Unis dans la région. Il a également souligné que cette politique de « retrait » et « d’excuses » aboutirait à créer un monde plus instable aujourd’hui car, pour lui, le risque que le « printemps arabe s’estompe en hiver arabe » devient réalité. En reprenant l’une des critiques qu’il adresse fréquemment au président Obama par rapport à sa politique étrangère, Romney a aussi insisté sur le fait qu’au lieu de « s’excuser des valeurs de l’Amérique », la première réponse du gouvernement américain devrait être celle de l’indignation face à l’évidence selon laquelle « notre souveraineté n’est pas respectée ».

 Inspirée par une nouvelle vision du leadership américain dans un monde conçu comme interdépendant et « multipartenaire » dans lequel le rôle de leader des Etats-Unis devrait être celui d’un « partenaire primus inter pares » et non pas celui d’un hégémon, la stratégie de politique étrangère qui a fait gagner Barack Obama en 2008 visait avant tout à restaurer l’image de l’Amérique dans le monde et à réaffirmer le leadership américain en tant que « leadership moral » en s’appuyant sur le « smart power », c’est-à-dire sur la combinaison du « hard power » et du « soft power »

 Dans le discours sur la politique étrangère qu’il a prononcé en Caroline du Sud le 7 octobre 2011, Romney reproche au président Obama d’avoir tourné le dos, d’après lui, à l’idée d’exceptionnalisme américain et d’avoir ainsi affaibli la puissance américaine en la fondant sur une stratégie mal définie qui se laisse façonner par les évènements au lieu de les influencer. Romney souligne à ce propos que « l’Amérique n’est pas destinée à être l’une des grandes puissances », mais bien le pays le plus fort dans cet équilibre de puissances. Il affirme également que « l’Amérique doit être le leader du monde, sinon quelqu’un d’autre le sera » et que les Etats-Unis doivent regagner leur place de leader incontestable dans « un siècle qui peut et doit être le siècle de l’Amérique ».

 La seule différence, résiderait dans le dosage entre le « hard power » et le « soft power », Romney renforçant le premier au détriment du second, notamment à l’égard des Etats qu’il considère comme une menace pour les intérêts américains tels que l’Iran, la Corée du Nord, le Venezuela, le Cuba, et même, on l’a vu, la Chine et la Russie. A contrario, d’autres experts, se concentrant apparemment plus sur la rhétorique que sur le sens de ses idées, soutiennent que la stratégie de politique étrangère de Romney constituerait un retour à l’idéologie néo-conservatrice en étant basée sur « les mêmes mythes néoconservateurs qui ont fait déraper la politique étrangère de George W. Bush », notamment l’idée de la prédominance américaine et de la promotion de la démocratie dans le monde par la « détermination » (resolve) et par la « force pour assurer la paix » (peace through strength).

 A moins de deux mois de l’élection présidentielle, alors que les enquêtes d’intentions de vote donnent un léger avantage au président sortant face à son adversaire et que les électeurs américains continuent à montrer plus de confiance à Obama qu’à Romney sur les questions de politique étrangère, le contexte international actuel donnera-t-il raison aux critiques du candidat républicain à propos des failles supposées de la politique étrangère d’Obama, notamment au Moyen Orient ? Les débats entre les deux candidats, notamment ceux des 16 et 22 octobre, qui aborderont les questions internationales, devraient nous donner quelques indications à ce propos.


 Espérons seulement que dans ces deux pays respectifs, les peuples auront compris où est véritablement leur intérêt et leur sécurité…

Car même si Obama n’a pas, entre autres, comme il l’avait promis, enlevé l’embargo sur Cuba, ni fermé la prison de Guantanamo, même si, sous le régime de Chavez, une forte insécurité persiste au Vénézuela, nous pouvons penser qu’un couple Chavez-Obama, pourrait s’avérer un moindre mal pour l’humanité...

 Sources :

 

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Commentaires (1)

DeProfundisMorpionibus
  • 1. DeProfundisMorpionibus | 01/10/2012
Venceremos compagnero!

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021