50 ans d'ingérence occidentale

Un demi-siècle de guerres et d’interventions étrangères

Source : Alain Gresh et Dominique Vidal, Les 100 clés du Proche-Orient, Hachette Pluriel, Paris, 2003 ; Ramin Seddiq, Border Disputes on the Arabian Peninsula, Policywatch Number 525, The Washington Institute for Near East Policy, Washington DC, mars 2001.

- COUP D’ETAT EN IRAN (1953). Devenu le 28 avril 1951 premier ministre de l’Iran, Mohammad Mossadegh nationalise le pétrole. « Le pétrole est notre sang, le pétrole est notre liberté », scandent les manifestants. En août 1953, un coup d’Etat, organisé par la CIA en collaboration avec Londres, met fin au gouvernement Mossadegh. Le chah en profitera pour affirmer son pouvoir dictatorial et les Etats-Unis pour remplacer la Grande-Bretagne comme « tuteur » du pays.

- GUERRE CONTRE NASSER (1956). Juillet 1956 : le colonel Gamal Abdel Nasser annonce la nationalisation de la Compagnie du canal de Suez. Trois mois plus tard, l’armée israélienne pénètre dans le Sinaï, tandis que les soldats britanniques et français débarquent autour du canal. Mais tous les agresseurs devront se retirer sous la pression… américaine : c’est la fin de la domination britannique au Proche-Orient.

- QUAND LES MARINES DÉBARQUÈRENT À BEYROUTH (1958). Quinze mois après Suez, Nasser unit l’Egypte à la Syrie au sein de la République arabe unie, galvanisant ainsi le mouvement national arabe. Au Liban, l’opposition refuse la réélection – anticonstitutionnelle – du président Camille Chamoun. Le 15 juillet 1958, au lendemain de la chute de la monarchie pro-occidentale d’Irak, les marines débarquent à Beyrouth, où ils materont la guerre civile. Les Britanniques, eux, se déploient à Amman.

- GUERRES CIVILES AU YÉMEN (1962-1970). L’armée renverse en septembre 1962 le régime rétrograde de l’imam et proclame la République. S’ensuit une longue guerre civile, alimentée par l’intervention massive de l’armée égyptienne aux côtés des républicains et par l’aide active de l’Arabie saoudite aux royalistes. Elle se terminera en 1970 par un accord entériné par Le Caire et Riyad. Jusqu’en 1990, le Yémen du Nord sera marqué par une forte instabilité, une guerre civile menée par l’opposition de gauche avec l’appui d’Aden, et une brève guerre avec le Yémen du Sud en 1979.

- GUÉRILLA AU DHOFAR (1965-1975). En 1965 éclate une rébellion à forte connotation marxiste-léniniste au Dhofar, province de l’ouest d’Oman. Elle s’étend rapidement, profitant du caractère particulièrement rétrograde du souverain. Ce dernier sera renversé par son fils Qabous en 1970, avec l’aide des Britanniques, qui continuent de peser dans la vie du pays, malgré son indépendance en 1970. Il faudra une intervention des soldats britanniques et d’un contingent iranien pour venir à bout de l’insurrection, en 1975.

- SEPTEMBRE NOIR (1970). Le 7 septembre 1970, le Front populaire de libération de la Palestine détourne et fait sauter trois avions sur l’aéroport jordanien de Zarka. C’est la provocation qu’attend le roi Hussein pour écraser la résistance : du 16 au 27, les combats font des dizaines de milliers de victimes. Créée pour les venger, l’organisation Septembre noir organisera de nombreuses opérations terroristes, notamment lors des JO de Munich en 1972.

- LE LIBAN DÉCHIRÉ (1975-1989). Modernisation du pays, montée des inégalités sociales, poussée démogra-phique musulmane et notamment chiite, présence massive palestinienne, etc. : le système libanais ne pouvait survivre sans se réformer. Faute de l’avoir compris, les élites chrétiennes ont plongé le Liban dans une guerre civile à rebondissements. Comptant, comme en 1958, sur l’étranger pour l’emporter, les phalangistes n’ont pas hésité, en 1976, à faire appel à l’armée syrienne… qui occupe toujours le pays vingt-sept ans plus tard. Les accords de Taëf de 1989 mettent officiellement fin aux combats et dessinent un nouvel équilibre confessionnel.

- IRAN-IRAK (1980-1988). En septembre 1980, le président Saddam Hussein lance ses troupes à l’assaut du régime khomeyniste de Téhéran. L’Iran résiste, malgré l’utilisation par Bagdad d’armes chimiques. Huit ans et un million de morts plus tard, la guerre s’arrête, laissant les deux pays exsangues. Des dizaines de pays apporteront leur soutien à l’une ou/et à l’autre partie. Les Etats-Unis et la France notamment aideront le régime irakien.

- GUERRE DU GOLFE (1990-1991). Le 2 août 1990, l’Irak envahit le Koweït. Le 16 janvier 1991, forts du soutien des Nations unies, les Etats-Unis entrent en guerre contre Bagdad, avec vingt-six alliés. D’abord aériennes, puis terrestres, les opérations s’arrêtent fin mars. Mais les troupes américaines laissent le régime écraser les soulèvements kurde et chiite, pourtant appelés de ses vœux par la Maison Blanche.

- GUERRE CIVILE AU YÉMEN (1994). Décidée en 1989, l’unité entre les deux Yémens, l’un traditionaliste au Nord, l’autre socialiste au Sud, suscite de nombreuses tensions. Le Parti socialiste (PSY), qui a dirigé le Sud, se sent petit à petit marginalisé, d’autant que nombre de ses cadres sont assassinés. Une dissidence s’ensuit, qui aboutit à une intervention de l’armée du Nord pour la reconquête d’un Sud paradoxalement aidé par l’Arabie saoudite. La guerre durera entre avril et juillet 1994. Elle contraindra à l’exil une partie de la direction du PSY.

- LA PALESTINE AU CŒUR DES CONFLITS. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies décidait de partager la Palestine en un Etat juif et un Etat arabe. L’avortement de ce plan a plongé le Proche-Orient dans une guerre qui continue en 2003.

L’intervention des Etats arabes, en 1948, a surtout abouti à l’expulsion de quelque 800 000 Palestiniens. Après l’échec de 1956, Israël a réussi, en 1967, à occuper le reste de la Palestine : la Cisjordanie et la bande de Gaza – plus le Sinaï égyptien et le Golan syrien. En 1973, les succès initiaux de l’Egypte et de la Syrie débloquèrent l’impasse diplomatique. Mais les accords de Camp David (1978) ne permirent pas de percée sur le dossier palestinien. En 1982, Israël envahit le Liban, sans parvenir à écraser la résistance palestinienne.

L’Organisation de libération de la Palestine ainsi privée de bases arrière, les Palestiniens de l’intérieur allaient relancer le combat pour l’autodétermination. Par son caractère massif et non armé, leur première Intifada, de la fin 1987 à 1991, contribua largement à créer les conditions des accords d’Oslo de 1993. A la seconde Intifada, le gouvernement israélien a répondu en réoccupant l’ensemble des territoires autonomes et en liquidant presque tous les acquis des négociations de paix.

- QUEL STATUT POUR LES KURDES ? L’indépendance envisagée pour les Kurdes par le traité de Sèvres (1920) sombra dans celui de Lausanne (1923). Malgré ses révoltes tout au long du XXe siècle, notamment en 1970 contre Bagdad, ce vieux peuple reste divisé entre l’Iran, la Turquie, l’Irak et la Syrie, qui s’opposent à toute forme d’Etat kurde. Ankara, en particulier, redoute qu’une nouvelle guerre américaine contre l’Irak produise un afflux de réfugiés et relance les affrontements au Kurdistan turc.

- GOLAN, TRENTE-SIX ANS D’OCCUPATION. Château d’eau du Proche-Orient, le plateau syrien du Golan a été occupé en 1967 par Israël, qui l’a annexé en 1981. En 2000, la volte-face du premier ministre israélien Ehoud Barak fit échouer la négociation engagée sur la promesse d’Itzhak Rabin d’un retrait total d’Israël en échange d’une paix totale.

- DERNIER CONTENTIEUX AU LIBAN SUD. En mai 2000, sous la pression de la résistance armée du Hezbollah, Israël a retiré unilatéralement ses forces de la zone dite « de sécurité », qu’il occupait depuis sa première intervention au pays du Cèdre, en 1978. Son alliée, l’Armée du Liban sud, s’est effondrée. Mais Israël n’a pas restitué le secteur des « fermes de Chabaa », que le Liban revendique.

- GUERRES CIVILES AU SOUDAN. Le nord du Soudan est en majorité arabe et musulman, le sud noir et animiste – avec une minorité chrétienne. Dès 1955, une guerre civile se déclenche : elle s’achèvera en1972 par un accord. Mais Khartoum ayant violé ses engagements, elle reprend en 1983. Des négociations sont en cours entre Khartoum et l’Armée de libération du peuple du Soudan (APLS) depuis la fin 2002, qui butent sur le partage du pouvoir et des richesses pétrolières et sur le caractère islamique du régime.

Cet article date d'il y a 9 ans : depuis, on pourrait rajouter l'Afghanistan, l'Irak, la Somalie, la Libye, ...

Et peut-être d'autres en latence : Syrie, Iran,...

 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021