Ses poèmes
Partons au Combat
Partons,
ardent prophète de l'aurore,
par les sentiers cachés et abandonnés,
libérer le vert crocodile que tu aimes tant.
Partons,
vainqueurs de ceux qui nous humilient,
l'esprit rempli des étoiles insurgées de Marti,
jurons de triompher et de mourir.
Quand ta voix répandra aux quatre vents
réforme agraire, justice, pain, liberté,
à tes côtés, avec les mots,
nous serons la.
Et quand viendra la fin du voyage,
la salutaire opération contre le tyran,
à tes côtes, espérant la dernière bataille,
nous serons là.
Et si le fer vient interrompre notre voyage,
nous demandons un suaire de larmes cubaines
pour couvrir les os des guérilleros
emmenés par le courant de l'histoire américaine.
J’ai voulu emporter
J'ai voulu emporter dans la mallette
la saveur fugace de tes entrailles
et elle est restée dans l’air, circulaire et certaine,
l'insulte au viril de mon espérance.
Je m'en vais par des chemins plus longs que le souvenir
avec l'hermétique solitude du pèlerin,
mais, circulaire et certaine, à mes côtés
quelque chose marque le rythme de mon destin.
Quand à la fin de toutes les journées
je n'aurais pas déjà un futur fait chemin,
je viendrai me ressourcer dans ton regard
ce rieur jalon de mon destin.
Je m'en irai par des chemins plus longs que le souvenir
enchaînant des adieux dans le flux du temps.
Autoportrait Obscur
D’une jeune nation de racines d’herbe
(racines qui nient la rage d’Amérique)
je viens vers vous, frères du Nord.
Chargé de cris de désespoir et de foi,
je viens vers vous, frères du Nord,
je viens d’où viennent les " homo sapiens ".
J’ai dévoré des kilomètres en rites transhumants ;
avec ma matière asthmatique que je charge comme une croix
et dans la profondeur étrange d’une métaphore débranchée.
La route fut longue et très lourde la charge,
persiste en moi l’arôme de mes pas vagabonds
et même dans le naufrage de mon être souterrain
- malgré l’annonce de rives salvatrices -
je nage contre le ressac,
conservant intacte la condition de naufragé.
Je suis seul face à la nuit inexorable
et à une certaine douceur des billets.
L’Europe m’appelle d’une voix de vin vieilli,
haleine de chair blonde, objets de musée.
Et dans le clairon joyeux des pays nouveaux
je revois de face l’impact diffus
de la chanson, de Marx et Engels,
que Lénine exécute et que les peuples entonnent.
Ainsi quand ce jour
Ainsi quand ce jour avec la main tremblante
je mets mon prisme dans un registre ambigu.
A le goût étrange du fruit emballé
avant de consommer la maturité à l’arbre.
Parfois je ne perçois pas son appel
depuis ma tour ailée de vieux solitaire,
mais il y a des jours où je sens réveillé le sexe
et je vais vers la femelle pour mendier un baiser ;
et je sais alors que jamais je n’embrasserai l’âme
de qui n’arrive pas à m’appeler camarade…
Je sais que les parfums des valeurs pures
rempliront mon esprit d’ailes fécondes,
Je sais que j’abandonnerai les plaisirs agnostiques
de copuler des idées sans fonctions pratiques.
Je sais quel jour du combat à mort
les épaules du peuple appuieront mes épaules,
car si je ne vois pas la victoire totale
de la cause pour laquelle lutte le peuple
ce sera parce que je suis tombé dans la lutte
pour amener l’idée jusqu’à une fin suprême,
je le sais avec la certitude de la foi qui naît
en levant du plumage la coquille ancienne.
Au revoir Thomas
Et même si je suis un médecin ouvert aux choses
qui ne les transforme pas et les comprends à peine.
J’ai nonobstant une formule magique
- Je crois que je l’ai apprise dans une mine de Bolivie,
ou peut-être chilienne, péruvienne ou mexicaine,
ou dans l’empire détruit de Sonora,
ou dans un port noir du Brésil africain,
ou peut-être en chaque point une parole.
La formule est facile :
ne t’occupe pas de la barrière, attaque le récif,
unis tes jeunes mains à la pierre ancienne
et donne-lui ton pouls aux rouges coraux palpitants
en petites ondes quotidiennes.
Un jour, bien que nos souvenirs soit une voile
plus loin que l’horizon
et ton souvenir soit un navire
échoué dans ma mémoire,
apparaîtera l’aurore pour crier avec étonnement
en voyant les frères rouges à l’horizon
marchant joyeux vers l’avenir.
Eux les maux arrêtés terribles et blancs
comme la nuit surprise à l’envers.
Et alors, poète blême des quatre murs
Tu seras le chanteur de l’univers.
Alors, poète tragique, délicat, malade,
tu seras un solide poète du peuple.
Commentaires (2)
- 1. | 28/02/2008
- 2. | 27/12/2012
Je ne connaissais pas ces poèmes ....Merci de nous les faire decouvrir. J'espere que tu as passé de bonnes fêtes de Noel.
Bisesss de Marie-Ange
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021