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A quel héros de BD correspond chacun des candidats à l’Elysée ?

par Louis Lepron

Jean-Luc Mélenchon en Achille Talon intellectuel mais pédant ; Nicolas Sarkozy en Joe Dalton agité ou encore Marine Le Pen en Castafiore « sous acide », Rue89 est allé voir trois dessinateurs rompus au dessin d’actu politique :

  • Philippe Bercovici, auteur de « J’aurais voulu faire président » ;
  • Jean-Christophe Chauzy, auteur de « La Vie secrète de Marine Le Pen » ;
  • Martin Vidberg, qui tient le blog L’actu en patate.

Et leur a posé cette question :

« A quels personnages de BD les candidats vous font-ils penser ? »

Philippe Bercovici nous a prévenus :

« Les héros de BD ne méritent pas qu’on les compare à des politiques. »

On a tout de même sauté le pas. Revue des troupes par ordre alphabétique.


Nathalie Arthaud, la flingueuse Calamity Jane

 Calamity Jane », Lucky Luke, de Morris et Goscinny, éd. Dupuis, 1986

 
 

La candidate Lutte ouvrière Nathalie Arthaud est à l’image du chien d’ « Asterix » selon Philippe Bercovici.

« Comme Idéfix, Nathalie Arthaud ne représente pas grand-chose. Et elle s’ajoute aux 28 candidats trotskistes du paysage politique français. »

Mais pour Martin Vidberg, la professeure d’économie lui fait davantage penser à une personnalité de la conquête de l’Ouest, crayonnée dans « Lucky Luke » : Calamity Jane. Non pour son rôle lors des guerres indiennes, mais pour sa propension à refroidir ses adversaires :

« La bande dessinée regorge de personnages féminins un peu potiches.

On ne peut pas en dire autant de Nathalie Arthaud qui flingue aussi bien que Lucky Luke. Je pense du coup à Calamity Jane, l’une des personnages de la série. »



François Bayrou, l’impuissant Benoît Brisefer

Pour Martin Vidberg, François Bayrou n’a pas d’équivalent BD, si ce n’est dans le destin du héros de « XIII » :

« Ancien ministre de Jacques Chirac, il se dit aujourd’hui ni de droite ni de gauche. Un peu comme le personnage de “XIII” qui aurait perdu la mémoire. Va-t-il la retrouver avant le second tour ? C’est la question que se posent tous les commentateurs. »

Philippe Bercovici n’est pas de cet avis : le lien entre François Bayrou et Benoît Brisefer, le petit personnage créé par Peyo en 1960, lui paraît plus évident.

« Benoît Brisefer est “rural” : il vit dans un village tranquille. Tout à coup, des méchants s’installent en ville. Son côté justicier fait qu’il veut résoudre les problèmes. Mais au moment d’accomplir de grandes choses, et alors qu’il a une force surhumaine, il s’enrhume.

Pourtant, il y a un suspense insoutenable, et on ne s’attend pas à ce qu’il attrape froid. »


« La Route du Sud », Benoît Brisefer, de Peyo, Pascal Garray et Thierry Culliford, éd Lombard, 1997


Jacques Cheminade, le fou Léonard


« Y a-t-il un génie pour sauver la planète ? », Léonard, de Turk et Bob De Groot, éd. Lombard, 2008

Jacques Cheminade rebute les dessinateurs. Le candidat du parti Solidarité et progrès, inconnu du grand public il y a encore deux semaines, n’est pas facile à cerner.

Philippe Bercovici sèche. Martin Vidberg fait appel à des planches plus légères, en clin d’œil au programme spatial du candidat :

« Jacques Cheminade, c’est Léonard, le personnage un peu fou dessiné par Turk et Bob de Groot. Ses inventions ne semblent pas très utiles mais, au moins, c’est divertissant.

Même les journalistes le voient tel quel : lorsqu’il est passé à l’émission “Des paroles et des actes”, ils ne lui ont pas posé de questions sérieuses. »

Et d’après Jean-Christophe Chauzy, qui puise dans l’univers du dessinateur belge Hergé, « Jacques Cheminade est un professeur Tournesol qui ouvrirait une secte ».

 

Nicolas Dupont-Aignan, les Dupond et Dupont

Martin Vidberg en est convaincu : le candidat de Debout la République est un « personnage secondaire à qui on ne s’intéresse pas ».

« On ne sait même pas quel rôle il joue et n’a aucune incidence sur la campagne. Comment ne pas penser aux Dupond et Dupont de “Tintin” ? Il est aussi maladroit qu’eux. »

Jean-Christophe Chauzy voit plutôt dans Dupon-Aignant « le maire de Champignac dans “Spirou et Fantasio” : un personnage politique tout droit sorti de la IVe République, attaché au gaullisme et aux anciennes valeurs ».


« Tintin au pays de l’or noir » de Hergé, éd.Casterman, 1993

 
 

François Hollande, le Schtroumpf à lunettes


« Les Schtroumpfs de l’ordre » de Peyo, éd. Lombard, avril 2012

Pour illustrer le candidat du Parti socialiste, Martin Vidberg évoque la création de Peyo :

« François Hollande a un côté Schtroumpf à lunettes qui a bien du mal à déchaîner les passions. Même si les sondages semblent nous indiquer à la surprise de bien des commentateurs que les Français sont prêt à voter pour lui ! Il aurait pu être en décalage car le Schtroumpf à lunettes n’a pas d’humour. Mais depuis le début de la campagne, François Hollande est plus sérieux. Il est en phase avec ce personnage moralisateur. »

Malicieux, Philippe Bercovici préfère évoquer Obélix, « parce que François Hollande est tombé dans la soupe socialiste quand il était petit ».

 

Eva Joly, Rantanplan déboussolé

Après réflexion, Jean-Christophe Chauzy trouve enfin quelqu’un pour camper Eva Joly : « Adèle-Blanc Sec ! ». Il égrène les points communs :

« Elle n’est pas une rigolote, elle a un sens de la justice particulièrement développé, un côté journaliste, elle est très en avance sur son temps, c’est une pré-féministe. Donc Adèle Blanc-Sec, mais âgée de 65 ans. En verve. »

Philippe Bercovici est moins amène avec la candidate d’Europe écologie - Les Verts. Il mentionne Rantanplan :

« Il va toujours dans la direction opposée et il ne sait pas à qui il doit être fidèle. »


« Mirage dangereux », Rantanplan, de Morris, Xavier Fauche et Léturgie, éd. Lucky Comics, 2002

 

Marine Le Pen, la Castafiore sous acide


« Les Bijoux de la Castafiore », Tintin, de Hergé, éd. Casterman, 1993

Phillipe Bercovici a une formule bien à lui pour illustrer Marine Le Pen :

« Bécassine pour le côté breton, régionaliste, franchouillard et pas très malin. Et Bianca Castafiore pour la voix qui dérange, et le côté exaspérant. »

Jean-Christophe Chauzy approuve mais précise :

« Mais une Bianca Castafiore sous acide, même s’il manque une agressivité que n’a pas l’originale. »

Martin Vidberg pense la candidate du Front national à travers son père.

Selon le dessinateur de patates, SuperDupont est le personnage idéal pour figurer Marine Le Pen : chauvin, nationaliste, SuperDupont est doté de super-pouvoirs qui lui permettent de combattre l’Anti-France.


Mélenchon, l’Achille Talon de service

Jean-Luc Mélenchon... Pas facile ! Philippe Bercovici retourne dans les années 60 et associe le candidat du Front de Gauche à Achille Talon.

En 1963, René Goscinny décrit ce dernier comme « un homme plein de bonne volonté, et doué d’un savoir puisé dans une encyclopédie… à laquelle il manquait pas mal de pages ».

Pour Philippe Bercovici, le rapport est là :

« Jean-Luc Mélenchon est un bon bourgeois qui veut se donner un air intellectuel. Quelqu’un de très bavard qui aime s’entendre et qui pense que tout le monde l’adore ! »

Martin Vidberg s’agrippe à une référence plus classique : le capitaine Haddock.

« Pour son côté grognon et ses colères sympathiques, l’alcool en moins. »

Et Jean-Christophe Chauzy d’évoquer un alliage entre « l’impulsivité de Fantasio et l’intelligence de Pacôme de Champignac “, deux personnages imaginés par André Franquin.


« Achille Talon, l’intégrale », tome 12, de Greg, éd. Dargaud, 2010

 

Poutou, Gaston Lagaffe aux responsabilités


‘Gaffes à gogo’, Gaston Lagaffe, de André Franquin et Jidéhem, éd. Dupuis, 2009

Philippe Poutou, ‘c’est un pote avec qui on aimerait boire un coup’ avance Philippe Bercovici. Mais il spécifie, un peu vache :

‘Il est le genre à ne pas bosser. Ainsi, je pense à un Gaston Lagaffe à qui on donnerait les clés d’un parti politique. Même s’il n’a pas spécialement envie, il est obligé de se présenter devant ses amis du NPA. Parce qu’à côté, il est fainéant sur les bords : c’est un tire-au-flanc qui fait des gaffes.’

Pour les autres dessinateurs, le candidat du NPA évoque soit MacClure, l’acolyte alcoolique de Blueberry (pour Jean-Christophe Chauzy), soit l’Homme invisible, personnage du comic ‘La Ligue des gentlemen extraordinaires’, inspiré du roman de H.G. Wells (pour Martin Vidberg).

 
 

Nicolas Sarkozy, Iznogoud ou Joe Dalton

Le 14 janvier 2005, Plantu, caricaturiste du Monde, affublait Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, d’une tunique et d’un burnous à la Iznogoud. Sept ans plus tard, Martin Vidberg trouve que, ‘même si l’image est moins bonne puisque le candidat est déjà calife, la comparaison reste savoureuse’.

Mais selon Philippe Bercovici, Nicolas Sarkozy est à lier avec un personnage inventé par Morris et Goscinny :

Joe Dalton, évidemment, pour le côté énervé et petit ! Il se met dans la difficulté et tend le bâton pour se faire battre. Il y a ce côté bête et méchant. C’est un leader, il commande ses frères, qui sont victimes de son impétuosité.’

Le dessinateur va plus loin :

 ‘Et Brice Hortefeux pourrait très bien être l’équivalent d’Averell !’


‘L’Evasion des Dalton’ de Morris et Goscinny, éd. Dupuis, 2011

Source :

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Commentaires (1)

DeProfundisMorpionibus
  • 1. DeProfundisMorpionibus | 20/04/2012
Rue 89...

Pfff...

Misère...

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021