Après le spray anti-SDF, le boîtier anti-jeunes
Après le spray anti-SDF, le boîtier anti-jeunes
Edité le 03/04/2008 8 mois après le spray anti-SDF, voici le boîtier à ultrasons antijeunes qui relance la polémique. Diffusant des bruits insupportables que ne captent que de jeunes oreilles, cet outil est diffusé en France depuis plusieurs mois de manière confidentielle. Après le Malodore, le spray anti-SDF du maire d'Argenteuil, voici le Beethoven, le répulsif anti-ados, qui chasse les jeunes des halls d'immeubles. Commercialisé en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas depuis presque deux ans, ce boîtier arrive en France. |
Distribué confidentiellement
Maux de têtes. Laffaire a commencé à émouvoir la classe politique belge il y a quinze jours, avec la plainte déposée par un adolescent dAywaille, commune située près de Liège. Ce jeune garçon de 14 ans, qui attendait tous les jours le bus devant une banque ayant installé un émetteur Mosquito sur sa façade, était sujet à de violents maux de tête. Faut-il sinquiéter des effets sur la santé de ce type dappareil ? «Tout dépend de la durée dexposition et de lintensité de la fréquence», explique le docteur Philippe Mahillon. Pour linstant, aucune étude scientifique na été menée. Mais au-delà même de la question des effets nocifs sur la santé, cest le procédé lui-même qui révolte le ministre belge. «Le principe du Mosquito me dérange en tant que démocrate», confie à Libération Marc Tarabella. «Cest un outil de ségrégation inadmissible. Les promoteurs prétendent lutter contre les incivilités des ados, mais ce nest pas vrai, nimporte quel jeune qui passe à côté de lun de ces appareils en est victime», souligne le ministre tout en rappelant que «98 % des jeunes ne sont pas des délinquants». Quant aux incivilités, il précise que des outils de prévention et de répression existent et quen tout cas, ce nest pas à chacun de faire justice. Une pétition intitulée «les Jeunes ne sont ni des parasites ni des nuisibles pour notre société» a été lancée par lassociation les Territoires de la mémoire. Elle a déjà recueilli 7 000 signatures. Et si vous voulez entendre le fameux Mosquito, le site Internet de lassociation (1) vous propose de tester votre résistance.
Son secret ? Le petit boîtier envoie des sons suraigus, audibles seulement par une partie de la population. En l'occurrence, les jeunes, directement visés. Ils ont encore l'ouïe suffisamment fine pour percevoir ces fréquences. Agacés par le bourdonnement strident de l'appareil, à mi-chemin entre le « bzzz » du moustique et le grésillement du néon, les ados passent leur chemin.
Cette technologie a déjà séduit les épiciers nocturnes de Grande-Bretagne. Les polices municipales des Pays-Bas l'installent dans les cours d'école pour empêcher les élèves d'y traîner hors des temps scolaires. En France, distribué de manière confidentielle depuis quelques mois, le boîtier a conquis une cinquantaine de bailleurs sociaux et de syndics de copropriété du Sud-Est, mais aussi des particuliers, excédés par la présence prolongée des ados en bas de chez eux. Des villes auraient démarché la société distributrice. Mais aucune n'a encore osé franchir le pas. De peur d'être taxée d'« antijeunes ».
« Les municipalités, qui font de ce genre d'outils un argument d'attractivité en sont avides. Et elles sont conscientes qu'il leur faut les introduire en douceur pour qu'ils soient acceptés », décrypte le sociologue Jacques Donzelot. « Ubuesque » pour les uns, « discriminatoire » pour les autres, ce « joujou » va à l'évidence créer la polémique. D'ores et déjà, en Belgique, des élus se mobilisent pour que l'Europe interdise son utilisation. Leur argument : « Les jeunes ne sont ni des parasites ni des nuisibles pour notre société. »
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021