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Elections 2012 aux USA : les répubicains sortent leurs armes

Déluge ultra-droitier annoncé sur Tampa

le 28 Août 2012

La convention républicaine qui s’ouvre ce mardi soir en Floride confirmera l’assaut général décrété par le parti de Mitt Romney et Paul Ryan contre les conquêtes sociales et sociétales de ce dernier demi-siècle.

L’ouragan Isaac a finalement épargné Tampa mais la ville sera bien frappée dès ce soir par un déluge ultra-droitier. Cette convention républicaine s’annonce effectivement comme l’une des plus à droite de l’histoire. Elle s’apprête même à décrocher le pompon de la plus « ultra » des grands-messes du parti fondé par Abraham Lincoln.
Les premiers échos concernant la plate-forme qui sera adoptée en conclusion des trois jours de débat le confirment : l’assaut général est décrété contre les conquêtes sociales et sociétales de ce dernier demi-siècle.

En choisissant Paul Ryan, champion des « Tea Parties », comme second, Mitt Romney n’a pas seulement donné des gages à la base ultra-conservatrice du parti républicain qui le considère encore et toujours comme trop « modéré ». Il a également proposé un cap au pays : en finir avec ce qui reste du « New Deal » de Franklin Delano Roosevelt et de son enfant des années 60, la « Grande société » de Lyndon Johnson. Le représentant du Wisconsin est en effet l’auteur d’un « plan » pour le moins « radical » (au moins dans sa propre logique) : 6000 milliards d’économies à réaliser dans la décennie à venir via des coupes faramineuses dans tous les budgets fédéraux et la privatisation partielle (dans un premier temps) de Medicare, le programme de protection sociale des plus de 65 ans. Le camp Obama a affublé le député Ryan du sobriquet de « Robin des Bois à l’envers ».

par Christophe Deroubaix /

Le soir où Ryan est devenu la nouvelle étoile des Républicains

le 30-08-2012

Il a enflammé la convention républicaine à Tampa. Charisme, jeunesse, sens de la formule : le colistier de Mitt Romney a tout pour durer.

Ils pionçaient, il les a réveillés. Hier soir, le sol a tremblé dans le Convention Center de Tampa et ce n’était pas un ouragan qui passait par là : Paul Ryan est devenue la nouvelle étoile du Parti républicain. On se serait cru à la convention républicaine de St-Paul, il y a quatre ans, avec cette différence essentielle : Sarah Palin était un ovni fraichement débarquée d’Alaska, l’une de ces passes "je-vous-salue-Marie" que tentent les joueurs de foot américain dans les dernières secondes du jeu, quand il n’a plus rien à perdre. Paul Ryan, lui, n’est pas venu en touriste. Il a tout ce qu’il faut pour durer : le charisme, la jeunesse, le sens de la formule.

 

Ennemi public numéro 1

On peut chipoter. Dire que l’équipe de Romney a particulièrement chiadé le discours, que Ryan l’a parfaitement répété, qu’on lui a demandé de parler plus lentement et posément que d’habitude… On peut dire ce que l’on veut, le star power d’un politicien ne se manufacture pas. Paul Ryan, élevé par Obama au statut d’ennemi public numéro 1 pour mieux démolir l’idéologie extrême des Républicains, sera peut-être demain son adversaire le plus dangereux.

Et malin : hier soir, il n’a rien dévoilé de ses idées franchement à l’ouest (contre l'avortement, réduction drastique des dépenses publiques), préférant pilonner le Président avec ses formules qui faisaient mouche : "L’homme a pris ses fonctions il y a presque quatre ans, il est temps qu’il prenne ses responsabilités", il est "comme un navire essayant d’avancer avec le vent de la veille", les jeunes diplômés au chômage, scotchés chez les parents, en sont réduits à "regarder fixement les posters d’Obama en train de faner, en se demandant quand ils pourront quitter le domicile parental et faire leur vie".

A star is born

Au passage, Ryan s’est même permis de jeter une boule puante à Bush (les ingrats !), promettant "une cassure nette avec les années Obama et, franchement, des années d’avant ce président". Faire place nette en dézinguant l’aîné : c’est à cela qu’on repère les vrais tueurs.

Reste pas mal d’incertitudes : Paul Ryan pourra-t-il faire oublier jusqu’à l’élection sa propre idéologie, franchement très conservatrice ? Le fait d’être bien plus visible et populaire que le candidat à la présidence Romney ne risque-t-il pas de devenir un handicap ? Le débat Biden-Ryan sera-t-il plus décisif que le face-à-face Obama-Romney ? Réponse dans quelques semaines. Mais une chose est sûre : ce soir, à Tampa, a star is born.

Par Philippe Boulet-Gercourt 

 

Etats-Unis : Le programme de guerre des républicains

le 29 Août 2012

La plateforme adoptée par la convention république est incontestablement la plus à droite de l’histoire récente. Décryptage chapitre par chapitre.

On vous annonçait hier l’imminence d’un déluge ultra-droitier sur Tampa. Il s’est bel et bien abattu, avec la publication, mardi soir en ouverture de la convention, de la « plateforme » du parti républicain, sans contestation aucune la plus à droite de l’histoire du G.O.P. (Grand Old Party, son surnom) depuis l’avènement du New Deal de Roosevelt.

Réduction des dépenses publiques

Ce n’est évidemment pas une surprise : les Républicains proposent de réduire la dette et de faire voter des budgets « à l’équilibre ». La plateforme propose de réduire de manière drastique les dépenses fédérales mais, de manière surprenante, aucun objectif chiffré n’est posé noir sur blanc. Il faut donc en déduire que c’est le fameux « plan Ryan », concocté il y a deux ans par le représentant du Wisconsin, désormais second de Mitt Romney sur le ticket républicain, qui s’appliquerait. Pour mémoire, il propose de réaliser 6000 milliards d’économies durant les dix prochaines années.

Le dépeçage de Medicare

Il ne faut pas aller chercher bien loin les sources d’économies. Quelques lignes plus bas, le texte stipule que Medicare (programme de protection sociale des plus de 65 ans), Medicaid (programme de protection sociale des enfants pauvres et de leurs mères), tous deux créés dans les années 60, et la « Social Security » (système public de retraites, issu des années 30) représentent près de la moitié des dépenses publiques. Le parti républicain propose de relever l’âge d’éligibilité de ce programme et de remplacer la couverture universelle pour les « seniors » par un système de « vouchers » (bons) à utiliser auprès des compagnies d’assurances privées. Cela porte un nom: privatisation.

La mort lente de l’impôt progressif sur le revenu

Le chapitre sur l’impôt est l’un des plus illustratifs de la dérive continue du parti républicain. On peut y lire cette phrase : « Les impôts, par leur nature, réduisent la liberté du citoyen ». Cette assertion est, historiquement, libertarienne non républicaine. « L’impôt est une entrave à la liberté », avait déjà asséné Mitt Romney lors de la campagne des primaires. John Jay, père fondateur et premier président de la Cour Suprême, y voyait, au contraire, le « prix de la liberté, de la paix, de notre propre sécurité et de la postérité ».

« Nous rejetons l’utilisation de l’impôt pour redistribuer les revenus », est-il encore écrit dans le texte de 62 pages. Au menu : étendre les allégements fiscaux (pour les plus riches, NDLR) votés sous Bush en 2001 et 2003, mettre fin à aux droits de succession. Il est même envisagé, dans le cadre d’une réforme ultérieure, d’abroger le seizième amendement de la Constitution qui a établi en 1913 l’impôt sur le revenu fédéral.

Guerre aux syndicats

Sous le vocable « liberté sur le lieu de travail », le parti républicain assume la guerre qu’il a déclarée aux organisations syndicales. Après un hommage rendu aux gouverneurs qui ont tenté de faire passer des législations limitant le droit de négociation collective des syndicats, le GOP annonce qu’il s’attaquera, une fois élu, au processus (très compliqué, au demeurant) de constitution de syndicats dans les usines, bureaux ou magasins.

Société : l’ordre moral évangélique

Pour la première fois, une plateforme du parti républicain propose d’interdire, au nom de la "sainteté de la vie humaine", l’avortement en toute circonstance, donc même en cas de viol ou d’inceste. L’arrêt de la Cour Suprême, Roe v Wade, rendu en 1973 considère, en revanche, l’avortement comme un droit constitutionnel. Interdiction programmée également du mariage gay – « un assaut contre les fondations de notre société ». Autorisation sans limites, en revanche, du port d’armes. Le programme républicain propose également la « présentation publique des dix commandements ». On attend donc avec impatience le rappel par un élu républicain devant un congrès du NRA (National Rifle Association, le puissant lobby des armes à feu), du sixième d’entre eux : « Tu ne tueras point ».

Politique étrangère : le retour des « néos-cons »

Avec le départ, dans l’opprobre, de George W. Bush, on croyait les néo-conservateurs condamnés à l’errance durant des décennies. Voilà que leur idéologie resurgit. Soutien indéfectible à Israël avec Jérusalem pour capitale. Critiques de la tentative de nouveau départ (« reset ») des relations avec la Russie par l’administration Obama. Plus généralement, leçons de démocratie dispensées à la terre entière. Avec, en point d’orgue, cette « pépite » sur la Chine : « L’exposition aux Chinois de notre mode de vie peut être la plus grande force pour le changement dans leur pays ».

par Christophe Deroubaix / 

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021