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De la LCR au NPA, de Besancenot à Poutou : histoire d'une chute ...

NPA: la chasse aux parrainages patine

Des divisions internes, un candidat par défaut et des militants qui se font la belle: le Nouveau parti anticapitaliste - qui devait rassembler à la gauche du PS - est au plus mal. Au point que certains ne s’activent même plus pour réunir les 500 signatures nécessaires pour la présidentielle…

(Dessin : Louison)Un village vacances à Port-Leucate, près de Perpignan, sous les auspices radieux d’une belle fin de mois d’août. Ce devait être l’université d’été pour repartir du bon pied dès la rentrée. Pourtant, le soleil et la mer n’auront eu manifestement aucun effet thérapeutique sur le petit NPA abandonné au bord de la route par son papa – Olivier Besancenot – à quelques encablures de la présidentielle de 2012.

En même temps, pas de quoi sauter au plafond. Depuis des mois, rien ne semble pouvoir endiguer l’hémorragie toujours plus importante des membres du parti. Surtout pas la désignation de Philippe Poutou, 44 ans, ouvrier automobile et délégué CGT de l’Usine Ford de Blanquefort (Gironde). Sans doute le seul candidat à avoir avoué publiquement ses peurs face à la présidentielle. A des années lumières de l’ultra-médiatique Olivier Besancenot dont la photo a été imprimée – au cas où ? – sur la lettre envoyée pour solliciter le soutien des maires pour 2012.
 
Tout penaud qu’il soit, Philippe Poutou représente l’aile dure du parti. Cette aile majoritaire qui refuse catégoriquement de fricoter avec le Front de gauche de Mélenchon - taxé d’entretenir le dialogue avec les «social-traîtres» du PS. Le choix de cet ancien de Lutte Ouvrière(LO) n’est pas innocent. Il reflète le recentrage du NPA sur les usines et un repli sur le noyau dur de la LCR. Une réorientation qui est loin d’avoir fait l’unanimité et a précipité le départ - hautement symbolique – en février dernier de  l’Appel et la pioche et de Jeudi Noir, mouvements de « précaires ».
« On a la signature d’un châtelain avec une particule»

Cet été, le NPA a seulement récolté une centaine de signatures alors qu’un petit gabarit comme Nicolas Dupont-Aignan – guère plus populaire que l’inconnu du NPA – en a déjà 350 et quelques à son actif. « Il y a des équipes sur le terrain, sans doute que certaines sont plus convaincues que d’autres», confie Myriam Martin, porte-parole du NPA appartenant aux unitaires (minoritaires). Comprendre : ceux qui n’ont pas encore levé le camp trainent des pieds. « Ils partent aux signatures mais ce n’est pas le cas de toutes et tous», admet Thibault Blondin, chargé de la récolte de ces fameux sésames pour 2012.

Outre ce manque d’enthousiaste, le NPA a un problème de taille. Que la LCR connaissait parfaitement. Il est très difficile pour une si petite formation – de surcroît en déliquescence avancée - de réunir 500 promesses. « La première phase a consisté à contacter tous les élus qui avaient parrainé Besancenot en 2007. Mais il y a eu un fort renouvellement avec les élections de mars 2008», explique Thibault Blondin qui suggère que le NPA pâtit également de la concurrence de LO. Et de raconter la chasse aux soutiens auprès de maires souvent sans étiquettes : « On a la signature d’un châtelain avec une particule. Mais aussi d’un maire employé de France Télécom. C’est totalement atypique !» Pour les séduire, il suffit souvent de miser sur le ras-le-bol du couple PS/UMP :« Ce sont de tous petits maires bien loin de la rue de Solférino ou de la Boétie». 
Face à ceux qui restent indécis, le NPA n’a plus qu’une seule option : tirer sur la corde sensible de la démocratie. Mais cet argument va-t-il suffire ? Les spéculations vont bon train à gauche pour savoir qui de l’UMP ou du PS donnera de bon cœur les parrainages manquant au NPA. L’UMP, pour diviser la gauche ? Ou le PS, pour se prémunir contre un trop gros score de Mélenchon ? « Ce sont des consignes politiciennes qui ne m’intéressent pas », coupe court Myriam Martin qui dénonce le « système injuste et inique » des parrainages. Pourtant, ces consignes sont déterminantes. En 2007, François Hollande avait par exemple donné l’ordre de ne pas aider la LCR par peur d’un 21 avril bis. Si Philippe Poutou réunit effectivement assez de signatures pour atteindre le premier tour, les professionnels du sondage ne lui donnent pas plus d’un pour cent des voix. En somme : pas de quoi affoler. Ni au PS, ni chez Mélenchon.

Mais, au fond, le NPA a-t-il vraiment envie d'aller jusqu'au bout ? Certains dans l'appareil pourraient bien - consciemment ou inconsciemment - préférer ne pas réussir à obtenir leur droit d'entrée pour 2012. Histoire d'économiser de l'argent et de ménager leurs forces - tout en se gargarisant d'être les bouc émissaires du système. Mais surtout pour éviter la perspective d'une campagne pro-Poutou qui - l'obligeant à afficher son sectarisme - pourrait bien raviver les tensions internes et précipiter une véritable scission du NPA.

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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021