Chili : le retour du socialisme ?

Courrier international / 18 novembre 2013

"L'ouragan Bachelet n'est pas passé"

Si elle a devancé largement sa rivale de droite Evelyn Matthei, lors du premier tour de l'élection présidentielle du 17 novembre avec 46,68 % des voix, l'ancienne présidente socialiste devra attendre le 15 décembre pour voir sa victoire confirmée.
Michelle Bachelet et Evelyn Matthei à la une du quotidien La Tercera ce lundi. 
Michelle Bachelet était tellement favorite de cette élection présidentielle que la presse chilienne semble penser que sa victoire a un goût amer, la socialiste n'ayant pas remporté le scrutin dès le premier tour.

"L'ouragan Bachelet n'est finalement pas passé", se désole le site El Mostrador. "Bachelet gagne avec une large avance.... mais Matthei réussit à accéder au second tour", titre La Tercera. L'ancienne présidente socialiste et candidate de la Nueva Mayoría [Nouvelle Majorité (NM)] Michelle Bachelet devance largement, avec 46,68 % des voix, sa rivale, Evelyn Matthei, qui obtient avec 25 % des voix, près de 10 points de plus que ce que lui prédisaient les derniers sondages.

"Il n'y a pas de double lecture. Nous avons gagné cette élection et nous l'avons fait avec une large majorité", a commenté Michelle Bachelet. "Nous commençons la campagne pour le second tour. Oui nous pouvons gagner", s'est écriée de son côté Evelyn Matthei. Deux déclarations reprises par El Mercurio.

Le triomphe est pourtant un peu "amer", note The Clinic qui raconte que "malgré le fait que Michelle Bachelet a obtenu le double des voix d'Evelyn Matthei, personne n'a débouché une seule bouteille de champagne".

Deux femmes aux parcours très différents

Les festivités de la droite ne semblaient pas beaucoup plus joyeuses même si la débandade annoncée a été moins catastrophique que prévu. "La crainte subsiste à droite de voir le second tour amplifier la brèche qui existe entre les deux candidates. Et le discours de Matthei, à l'issue du premier tour, n'a pas été suivi par plus d'une centaine de personnes, tous militants, fonctionnaires du gouvernement ou dirigeants", rapporte le quotidien en ligne El Mostrador.

Le duel entre les deux femmes  – inédit dans l'histoire du Chili – aura donc lieu le 15 décembre, date prévue du second tour. Elles se connaissent depuis l'enfance, car leur père était tous deux général. Sauf que celui de Michelle Bachelet, fidèle du président Salvador Allende, est mort après avoir été arrêté et torturé par la dictature. Tandis que celui d'Evelyn Matthei a fait partie de la junte militaire. Ceci dit, quarante ans après le coup d'état de 1973, l'issue finale de la présidentielle 2013 ne semble pas faire de doute : Michelle Bachelet devrait être élue au second tour.

Des réformes plus ou moins difficiles à faire passer

Pour gouverner, elle pourra alors compter sur NM, la coalition qui a obtenu la majorité aux deux Chambres. Mais certaines réformes seront plus difficiles à faire passer car elles nécessitent, en vertu de la Constitution, une majorité soit aux deux tiers soit aux trois septièmes du quorum.

"Après cette élection, rien ne sera plus pareil au Congrès", se réjouit cependant El Mostrador. Le site explique qu'on est en présence d'un "changement de rapport de forces, qui, jusqu'ici au Sénat, permettait de défendre becs et ongles le modèle économique et politique créé par la dictature". El Mostrador, optimiste, estime que les deux grandes réformes, concernant l'éducation et la fiscalité, du programme de Michelle Bachelet devraient être approuvées facilement. La réforme de la Constitution, elle, posera peut-être plus de problèmes.

La composition du Congrès change également puisque quatre leaders du mouvement estudiantin, qui a bouleversé le pays en 2011, ont été élus députés le 17 novembre. C'est le cas de Giorgio Jackson et de Camila Vallejo.

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021