Créer un site internet

Lettre ouverte d’un « Pupille de la Nation » ! : par K.E.G

Cela signifie t-il encore quelque chose  d’être « Pupille de la Nation » après 2004 ?

 Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mon père, mort au maquis les armes à la main, suite à l’appel du 18 Juin, en combattant l’envahisseur. Il fut déclaré « Mort pour la France » et bénéficia, à titre posthume, d’une citation à l’ordre de l’armée avec attribution de la Croix de Guerre  avec Etoile de Vermeil.

Je ne l’ai hélas pas connu.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.  

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes années d’enfance que j’ai passé à l’assistance publique avec les garnements de mon âge, abandonnés, et où les sorties se faisaient en capote à boutons dorés. Il n’y avait que cela de brillant.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi ma fratrie unie de cinq enfants, dont je fus le dernier, qui éclata et fut à tout jamais dispersée. Elle ne se retrouva jamais.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes années d’adolescence passées en études secondaires, en internat intégral, grâce à vous.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes années d’insouciance et de joie de vivre que je n’ai pas connues.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes affections manquantes et manquées, dans le grand désert, affectif et familial ainsi que d’exemplarités positives, qui fut le mien, tout au long de ces 20 premières années d’une vie errante et chaotique.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes stabilités professionnelles, absentes tout au long de ma vie, dommages collatéraux d’une enfance ratée, tant ma soif de découverte d’un bonheur impossible et interdit fut grande. On ne rattrape jamais les manques.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes réussites familiales, absentes au rendez vous, par impréparation complète à l’attention de l’autre et à moi-même, et pour cause.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes espérances trop tôt disparues, parce que différent des autres.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes richesses et héritages, absents pour cause de mort prématurée d’un père, qui m’ont interdit de pouvoir bénéficier du bouclier fiscal et de l’ISF.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi ma retraite décente, à la place de celle, inférieure de 35% au seuil de pauvreté, qui est la mienne, conséquence d’une vie de « Pupilles de la Nation ».

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mon Egalité de reconnaissance à laquelle j’ai droit; descendant posthume de quelqu’un qui est mort, entre autre, au titre de la « Liberté-Egalité-Fraternité »; tout comme mes 120 000 frères et sœurs de misère concernés, au titre de 39/45.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi mes espérances et aspiration à l’Egalité promise en 2007 par le président élyséen, qui s’est engagé, dès son accession au pouvoir, à reconnaître la souffrance de toute une vie, comme celle de mes 120 000 coreligionnaires, et qui s’apprête à commettre une troisième discrimination, au cas où il ferait quelque chose, ce qui semble ne pas être le cas (Promesse quand tu nous tiens !)

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

Et alors, Messieurs qu’on nomme grands, vous n’aurez plus le casse-tête de savoir si oui ou non, la mort de mon père justifie ou non une reconnaissance de ma souffrance, malheureusement érigée en principe de vie. Vous n’aurez plus à débattre pour savoir si la souffrance d’un enfant dont le père est mort fusillé pour fait de résistance est plus ou moins « importante » que celle d’un enfant dont le père est mort au maquis les armes à la main ou dans d’autres circonstances de combat et de guerre*2. D’aucuns chez vous se sont même ingéniés à faire apparaître la notion de « lâcheté » qui aurait dû être mise en pratique *3, vis-à-vis de nos parents, pour justifier de ne pas avoir à nous considérer comme ayant souffert. Messieurs qu’on nomme grands, vous vous êtes aventurés et abaissés dans ce sentier fangeux et nauséabond, par personne, dûment mandatées, interposées et surtout vous avez laissé faire.

 

Messieurs qu’on nomme grands, vous avez trahi la parole donnée à nos parents en remerciement de leur sacrifice, de veiller sur leurs enfants de façon égalitaire, permanente et non discriminatoire :

 

·         Vous avez tenu en partie cet engagement pour les 13.400 « Pupilles de la Nation » de parents juifs morts en camp de concentration (donc sans les armes à la main). C’était en Juillet 2000 (Jospin – PS). Vous n’avez oublié que 141 250 concernés.par le même statut de « Pupilles de la Nation »

·         Vous avez tenu parole pour les enfants de parents morts en camp de concentration pour faits de résistance. C’était en Juillet 2004 (Raffarin – UMP) .

·         Vous avez tenu parole pour les enfants de parents fusillés pour faits de résistance. C’était aussi en Juillet 2004 (oubliant les enfants de parents fusillés comme simple otages, au titre de représailles, parce qu’ils avaient le malheur de passer à proximité du lieu de l’exécution et qu’ils n’avaient rien à voir de près ou de loin avec la résistance). C’était aussi en Juillet 2004 (Raffarin – UMP), en n’oubliant cette fois-ci que le cas de 120 000 (estimation de l’ONAC en 2004), abandonnés, fils de « Morts pour la France ». Comme s’il devait y avoir plusieurs façons de mourir pour la France et donc de qualités de « Pupilles de la Nation ».

Indemnisés 2004 : 21.250

 

Messieurs qu’on nomme grands, en 2007, vous vous êtes aventurés à promettre (documents à l’appui) aux 120 000 (devenus, depuis, environ 47 500) abandonnés par vos prédécesseurs de rétablir le principe d’Egalité en supprimant la discrimination qui n’aurait jamais du s’abattre sur eux. A la fin du mandat actuel du locataire de l’Elysée, malgré le simulacre de la création d’une commission-bidon, à laquelle j’ai eu le courage et l’honneur de refuser de siéger – refusant de servir de « faire valoir » et de « caution morale » et étant le seul, par ailleurs - , et des discussions à n’en plus finir de savoir qui a souffert de qui n’a pas souffert, faisant s’opposer « Pupilles de la Nation de 39/45 » et anciens combattants de toutes les guerres, (lesquelles ne connaissent pas, de façon tripale et donc intime, cette souffrance énumérée ci-dessus et n’ayant de ce fait pas voix au chapitre et encore moins un tel pouvoir de décision quant à cette souffrance). Vous escomptiez peut-être le ralliement, à l’unanimité, des « Pupilles de la Nation » à votre cause pour vous assurer le succès. Cela est bas, mesquin, déshonorant pour vous et pour la mémoire de nos parents morts.

Je ne pense pas que vous oserez récidiver pour 2012 (présidentielles et législatives), la corde est maintenant usée…. et la ficelle un peu grosse.

 

Messieurs qu’on nomme grands, les parlementaires, vous avez « baladé » les « Pupilles de la Nation », vous assurant ainsi la « tranquillité et la docilité » auprès de vos administrés concernés relevant de ce titre, par :

·         vos jeux subtils de « questions écrites au gouvernement », tout en sachant qu’une telle « absurdité » n’avait aucune chance de concrétiser la solution.

En 7 ans, pas moins de 3000 questions écrites, similaires et, ont ainsi été rédigées…… et adressées, par tous les courants politiques, aux divers gouvernements. En vain..

·         Vos « dépôts de propositions de loi » condamnés à terminer leur vie dans les cul-de-basse-fosse de la République, à la fin de chaque mandature. Comme il est d’usage et en parfaite connaissance de cause.

Vous connaissez mieux que nous les arcanes du règlement et du fonctionnement des chambres !

 

Messieurs qu’on nomme grands, les parlementaires, vous savez très bien que pour faire aboutir cette question de la discrimination faite aux « Pupilles de la Nation de 39/45 », vous avez des armes efficaces que vous vous êtes toujours interdit d’utiliser.

Pour les utiliser, il faut vouloir régler ce problème.

Or, malgré vos compassions et vos pseudos compréhensions, vous n’avez jamais voulu le régler.

Le pourquoi vous appartient !

Vous savez très bien que vous pouviez saisir et décider vos présidents de groupes politiques qu’ils exigent des présidents des chambres de mettre ce sujet à l’ordre du jour pour qu’enfin la Nation (la vraie et réelle représentation nationale, dont vous n’êtes que les mandatés) sache quelles discriminations vous avez couvertes par vos complaisances et vos silences.

Vous n’avez jamais usé de ce droit qui, en la circonstance, devenait un devoir, une obligation morale pour exposer ce problème aux cours des questions orales au gouvernement, entre autres possibilités (retransmises par la télévision). Pourquoi ?

Souvenez vous, Messieurs qu’on nomme grands, les parlementaires et autres gouvernants que vous avez et aurez toujours une dette vis-à-vis de nos parents « Morts pour la France » et vis-à-vis de nous les « enfants adoptés de la France », « Pupilles de la Nation ». Cette dette n’est pas seulement matérielle. Elle est aussi morale, or il semble en la matière que la morale politique semble inexistante, chez vous, du moins pour ce sujet….

 

Une proposition, sur la base de 120 000 dossiers avait été élaborée, présentée et argumentée au Pouvoir, et dont la première annuité se chiffrait à 330 millions d’€uros, allant decrescendo, jusqu’à extinction des derniers « Pupilles de la Nation de 39/45 ».

Cette proposition permettait de régler le problème dans l’Honneur, dans le respect des engagements pris il y a 65 ans, par vos prédécesseurs, tout en supprimant, une fois pour toute,  toute notion de discrimination à l’égard des « Pupilles de la Nation ».

(Compte tenu de la rectification du nombre de « Pupilles de la Nation » présenté par l’ONAC, depuis Janvier 2011 et ramené à une moyenne de 47 500 dossiers restants – au lieu de 120 000. La dite proposition se chiffrerai alors à 131 millions pour la première année. Communication du dossier, revu, peut vous être adressée, à votre demande)

Cette proposition n’a pas été retenue !

Preuve que les volontés politiques sont de ne pas vouloir régler ce problème, le laissant pourrir sur pied !

 

Souhaitons que les actuels « Pupilles de la Nation » de parents « morts en Afghanistan » n’aient pas dans soixante ans à souffrir du même mépris que leurs ainés. Ceci pourrait donner à réfléchir aux candidats-volontaires, ayant charge d’âme et à qui on fait miroiter la grandeur de la tâche, celle de mourir pour la France, et la sécurité à venir pour leurs enfants, en cas de pépin….

On n’adopte pas pour un temps, on adopte définitivement et à vie, comme la mort de nos parents, est à vie pour nous et non pour un temps.

 

Messieurs qu’on nomme grands, rendez moi tout ce que décrit ci-dessus.

Et je vous rendrai mon titre de « Pupille de la Nation »*1.

 

 

 

Kelly-Eric Guillon

« Sous-Pupille de la Nation de 4éme catégorie de 39/45 »

Comme il fut un temps avec des « Untermenschen » (sous-hommes)

Par la volonté des dirigeants et parlementaires

Depuis 2000 et 2004

 


 

*1         Ce titre se voulait prestigieux à son origine en 1917, alors qu’il n’est devenu que respectables depuis et qu’en fin de compte il est, aujourd’hui, quelconque, mais sert toujours pour les enfants de Français qui tombent en Afghanistan ou ailleurs, malgré son peu de valeur.

 

*2         Au cours de la bataille de France de 1940, dans les bombardements, dans les rangs des FFL, lors de la libération de la France, sur les différents théâtres d’opération de 39/45, à cause des hasards malencontreux des combats, les « incorporés de force », ceux de retour de captivité à la suite des mauvais traitements subis, etc, ….

 

*3         En somme vous condamnez les enfants dont les parents n’auraient pas été lâches au cours de combats, comme l’indique la phrase pondue par vous : « n’ayant pas utilisé les possibilités d’échappatoire à la mort, en plein combat…. ! » (réels anciens combattants au secours) 

Par K.E.G

 

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021