"Luna rossa" de Banda Bassotti : l'affaire Piazza Fontana, et la mort de Giueseppe Pinelli

Luna Rossa, également appelée Piazza Fontana, est une chanson qui évoque l'attentat à la bombe de Milan (piazza Fontana) du 12 décembre 1969, qui fit 16 morts. Suite à cet attentat, plus de 4000 personnes seront raflées dans les milieux d'extrême-gauche, dont l'anarchiste Pietro Valpreda (qui sera condamné pour l'attentat) et le cheminot Giuseppe Pinelli (également anarchiste) qui fera une mystérieuse chute mortelle du 4e étage de la Questure (préfecture de police). Pourtant, très rapidement, il sera unanimement admis dans le pays que l'attentat a été commis par des fascistes, en lien avec des secteurs patronaux, cléricaux et militaires pour provoquer un état de siège.
En définitive, Luna Rossa est un chant de guerre antifasciste, emblématique de cette époque de lutte très dure (avec un PCI en dérive social-démocrate et collabo de classe complète, incapable d'assurer la direction des masses).

 

L'attentat de la piazza Fontana est un attentat à la bombe qui s'est produit sur la piazza Fontana à Milan le 12 décembre 1969 faisant 16 morts et 88 blessés. Aujourd'hui unanimement attribué à l'extrême-droite italienne, il marque, pour certains historiens, une étape déterminante de la stratégie de la tension, qui poussera certains militants d'extrême gauche à choisir la « lutte armée ». Cet événement est le principal point de départ des « années de plomb » italiennes et demeure un point controversé de l'histoire contemporaine de l'Italie.

Décembre 1969
Le 12 décembre 1969 à 16 h 37, une bombe éclate dans la Banca Nazionale dell'Agricoltura (it) sur la piazza Fontana, dans le centre de Milan, faisant seize morts et une centaine de blessés. Aussitôt, l'extrême gauche est accusée, en particulier les anarchistes. Quatre mille personnes sont arrêtées par la police. Le danseur Pietro Valpreda est emprisonné, tandis que le cheminot Giuseppe Pinelli, anarchiste accusé de l'attentat, fait une chute mortelle du quatrième étage du commissariat où il est interrogé, dans des circonstances controversées (c’est le thème de la pièce de Dario Fo Mort accidentelle d’un anarchiste). Le commissaire Luigi Calabresi est accusé d'être responsable, mais l'enquête aboutit à sa relaxe. Deux ans et demi plus tard, le 17 mai 1972, il est victime d'un assassinat pour lequel, des années après, est condamné Adriano Sofri, un des leaders de l'organisation Lotta Continua, ainsi que d'autres anciens activistes.
Des militants d'extrême droite (notamment Mario Merlino) ainsi que des membres des services secrets italiens, réussissent à s'infiltrer dans des groupes anarchistes.
Selon l'auteur d'extrême droite François Duprat, lors du cortège funèbre suivant les attentats, 80 000 personnes manifestent, dont 30 à 40 000 Missini faisant le salut fasciste.

Responsabilités néofascistes présumées dans l'attentat
Dans les années 1980, le terroriste néo-fasciste Vincenzo Vinciguerra déclare au juge Felice Casson que l'attentat visait à la proclamation de l'état d'urgence et à pousser l'Italie vers un régime autoritaire.
En 1989, le fondateur d’Avanguardia Nazionale, Stefano Delle Chiaie, est arrêté à Caracas et extradé en Italie afin d'être jugé pour ses responsabilités dans l'attentat de 1969[réf. nécessaire]. Il est cependant acquitté par la cour d'assises de Catanzaro en 1989, de même que son camarade Massimiliano Fachini[réf. nécessaire].
En 1997, trois anciens militants néo-fascistes du Movimento Politico Ordine Nuovo, Carlo Maria Maggi, Delfo Zorzi et Giancarlo Rognoni, sont mis en examen pour l'attentat. En 1998, David Carrett, un officier de la US Navy, est mis en examen pour sa participation à l'attentat ; il est aussi accusé d'espionnage politique et militaire. Le juge Guido Salvini ouvre aussi une enquête contre Sergio Minetto, un responsable italien du service d'intelligence de l'Otan, et le collaborateur de justice Carlo Digilio, soupçonné d'être un indic de la CIA.
Mais le 12 mars 2004, la Cour d'appel de Milan annule les peines prononcées contre les trois accusés d'Ordine Nuovo, condamnés en première instance. Carlo Digilio bénéficie de l'immunité en échange de sa participation aux enquêtes, en accord avec le statut italien des collaborateurs de justice. Cet acquittement est confirmé par la Cour de cassation en mai 2005, qui confirme par ailleurs la condamnation de la partie civile à payer les frais du procès, décision qui a suscité l'indignation de l'opinion publique, ainsi que celle du président de la République, Carlo Ciampi, qui s'engage à ce que l’État paie ceux-ci.

Thèse de la « stratégie de la tension »
Selon une théorie qui fait débat, une partie de l’appareil d’État, en lien avec la CIA, aurait entretenu un climat de peur, via la dite stratégie de la tension, afin de faciliter l’arrivée au pouvoir d’un régime dictatorial, comme en Grèce en 1967.
Une enquête journalistique particulièrement complète reste à ce jour L'orchestre Noir, documentaire réalisé par Frédéric Laurent et Fabrizio Calvi en 1997 et diffusé sur Arte en 2 soirées en 1998. Elle soulève un coin du voile sur de possibles manipulations par l'organisation Gladio de néo-fascistes membres de groupuscules tels que Movimento Politico Ordine Nuovo ou Avanguardia Nazionale. L'objectif des attentats (dont celui de la Piazza Fontana, celui de Brescia en 1974, ou de celui de Bologne en 1980) aurait été de déclencher, sinon un coup d'État, du moins une déclaration d'état d'urgence.
Au début des années 1990, la révélation de l'existence du réseau Gladio, une organisation paramilitaire clandestine (stay-behind) de l'OTAN, entraîne de nouvelles spéculations sur ce thème.
En 2000, un document publié par des élus des Démocrates de gauche participant à la commissione Stragi du parlement italien (commission d'enquête sur les massacres) a conclu que Washington avait soutenu « une stratégie de la tension visant à empêcher le PCI et, dans une moindre mesure, le PSI à atteindre le pouvoir ». Celle-ci aurait compris des attaques terroristes false flag, attribuées à la partie adverse, en l'occurrence l'extrême-gauche et la mouvance autonome. Néanmoins, l'enquête judiciaire n'a établi aucun lien direct entre le réseau de l'OTAN et les néofascistes impliqués dans l'attentat.
Ce document, dépourvu de valeur officielle, qui comporte des erreurs factuelles et accuse nommément des membres d'Alliance nationale, a provoqué de vifs échanges au parlement italien et s'est vu qualifié par le président du Sénat italien Nicola Mancino d'« exemple de suffisance intellectuelle » (« esempio di supponenza intellettuale »).


Giuseppe Pinelli (Milan, 21 octobre 1928 - 15 décembre 1969) est un cheminot et militant anarchiste italien, membre du cercle anarchiste Pont Ghisolfa et pendant la Résistance, compte tenu de son jeune âge, estafette dans la Brigade Bruzzi Malatesta.
Il est mort le 15 décembre 1969, tombant d'une fenêtre du poste de police de Milan où il est détenu pour interrogatoire à la suite de l'explosion d'une bombe sur la Piazza Fontana le 12 décembre 1969, un événement connu sous le nom du massacre de la Piazza Fontana.
Les circonstances de sa mort, officiellement attribuée à un malaise, ont éveillé les soupçons en raison du climat politique tout à fait exceptionnel régnant à Milan à la suite de l'attentat.
Une partie de l'opinion soupçonne que Pinelli ait pu être assassiné par des policiers. Toutefois, l'enquête conclue en 1975 par le juge d'instruction Gerardo D'Ambrosio exclu la possibilité d'un assassinat.
Durant ce que l'on appelle les années de plomb, marquées par la stratégie de la tension, l'affaire a suscité une longue controverse politique et judiciaire, tant de la part de ceux qui soutiennent l'idée d'un assassinat que du point de vue des autorités.

Les faits
La nuit suivant l'attentat de la Piazza Fontana la police arrêta 84 anarchistes, dont Pinelli. Trois jours après, alors que venait d'être arrêté Pietro Valpreda, considéré comme son complice, Pinelli se trouvait à la préfecture de police, soumis à un interrogatoire de la part de Marcello Guida, du commissaire Luigi Calabresi et de quelques sous-officiers. Selon la version officielle, Pinelli se jeta de la fenêtre du quatrième étage et mourut. Sa mort fut déclarée comme étant un suicide. Le motif de son geste aurait été les déclarations mises à sa charge, qui auraient démontré son implication dans l'attentat.
La détention de Pinelli était illégale parce qu'il fut retenu trop longtemps à la préfecture : elle n'aurait pas dû se prolonger plus de deux jours. Le 15 décembre 1969 (date de sa mort), il aurait dû se trouver, soit remis en liberté, soit en prison.
Selon certaines versions policières, jamais confirmées, Pinelli, en tombant, aurait crié la phrase désormais célèbre : « È la fine dell'anarchia ! » (C'est la fin de l'anarchie !).

Le contexte
Après Mai 1968 en France, 1969 fut l'année de la contestation de la jeunesse italienne. De nombreuses organisations politiques aux orientations très diverses entrèrent en activité, essentiellement dans le nord de l'Italie. Elles étaient opposées entre elles et hostiles à l'État et aux partis politiques traditionnels.
Du combat idéologique on passait souvent à l'affrontement physique, aux combats de rue contre les forces de l'ordre qui donnaient parfois naissance à de la guérilla urbaine. Il y eut notamment les échauffourées de Valle Giulia à Rome : les étudiants chargèrent pour la première fois les forces de l’ordre.
En novembre 1966, déjà militant anarchiste, il soutenait Gennaro De Miranda, Umberto Tiboni, Gunilla Hunger, Tella et les autres compagnons « aux cheveux longs » pour imprimer les premières copies de la revue Mondo Beat dans la section « Sacco et Vanzetti » de la rue Murilio à Milan.
La mort de Pinelli suivait de quelques jours l'attentat de la piazza Fontana (12 décembre 1969). Selon certaines sources[réf. nécessaire], Pinelli a été assassiné et l'enquête a été baclée ou menée à charges. Une nouvelle enquête, menée en 1975 par le juge Gerardo D'Ambrosio, a écarté l'hypothèse de l'assassinat, considérée comme absolument inconsistante.
Le cas a suscité une polémique politique empreinte d'une forte animosité tant de la part de ceux qui soutiennent la thèse de l'homicide, que de la part des autorités. Il est difficile d'isoler cette polémique de celles relatives, entre autres, au carnage de la piazza Fontana, à la stratégie de la tension, au terrorisme d'État, à la répression des cercles anarchistes italiens et à l'assassinat du commissaire Luigi Calabresi.

Les indices sur la mort
On ouvrit une enquête sur la mort de Giuseppe Pinelli. Le commissaire Calabresi soutenait ne pas être présent au moment de la chute, version confirmée par l'enquête de la magistrature, conduite par Gerardo D'Ambrosio, et par trois agents, mais contestée par un anarchiste présent dans les locaux, détenu dans une cellule voisine. La police affirma que Pinelli s'était suicidé parce qu'il avait été démontré son implication dans l'attentat, version sans plus aucun fondement. Les résultats de l'enquête sur la mort de Giuseppe Pinelli furent rendus publics en octobre 1975. Le juge d'Ambrosio écrivait dans son jugement : « L'instruction conclut indubitablement que le commissaire Calabresi n'était pas dans son bureau au moment de la mort de Pinelli. » Le commissaire fut malgré tout l'objet d'une violente campagne dans la presse et assassiné en mai 1972. Le jugement de d'Ambrosio fit date dans l'histoire surtout pour l'explication donnée pour la cause de la mort de Giuseppe Pinelli : ni un suicide, ni un homicide mais un « malaise actif », un malaise qui aurait provoqué un bond involontaire de Giuseppe Pinelli par la fenêtre de la Préfecture.

La thèse de l'homicide
Les faits étranges liés à la mort de Giuseppe Pinelli pousseront beaucoup de monde à parler, toujours plus ouvertement, d'homicide : il aurait été défenestré.

Les motivations
La première raison pour croire en la thèse de l'homicide serait l'incohérence de l'intention de se suicider avec le caractère de Giuseppe Pinelli: ceux qui le connaissaient soutiennent que la décision de se suicider était impensable pour la victime. Selon ces sources, Pinelli n'aurait jamais pris en considération l'hypothèse du suicide, ni même confronté au risque d'une condamnation à perpétuité pour attentat. Au moment de la mort, la condamnation n'était de toute façon pas envisagée, du fait du manque de preuves.

Paroles et traduction de la chanson

Luna rossa Lune rouge
Il pomeriggio del 12 dicembre
 in piazza del Duomo ce l'abete illuminato; ma in via del Corso non ci sono le luci,
 per l'Autunno caldo il comune le ha levate.
 In piazza Fontana il traffico è animato,
 c'è il mercatino degli agricoltori.
 Sull'autobus a Milano in poche ore,
 la testa nel bavero del cappotto alzato.
 Bisogna fare tutto molto in fretta
 perché la banca chiude gli sportelli;
 oh come tutto vola così in fretta
 risparmia gente tutto così in fretta
 
 (refrain) No, no, no, non si può più dormire
 la luna è rossa e rossa di violenza!
 Bisogna piangere insonni per capire
 che l'ultima giustizia borghese si è spenta !
 
 Scende Dicembre sopra la sera,
 sopra la gente che parla di Natale; se questa vita avrà un futuro
 metterò casa potrà anche andare.
 Dice la gente che in piazza Fontana
 forse è scoppiata una caldaia;
 là nella piazza 16 morti
 li benediva un cardinale
 No, no, no, non si può più dormire...(refrain)
 Notti di sangue e di terrore
 scendono a valle sul mio paese;
 chi pagherà le vittime innocenti?
 chi darà vita a Pinelli il ferroviere?
 Ieri ho sognato il mio padrone
 a una riunione confidenziale;
 si son levati tutti il cappello prima di fare questo macello.
 No, no, no, non si può più dormire...(refrain)
 Sulla montagna dei martiri nostri, tanto giurando su Gramsci e Matteotti;
 sull'operaio caduto in cantiere,
 su tutti i compagni in carcere sepolti
 Come un vecchio discende il fascismo,
 succhia la vita ad ogni gioventù;
 ma non sentite l'urlo sulla barricata
 La classe operaia l'attenderà armata!
 
  (Refrain 2X)    

L'après-midi du douze décembre / sur la place du Dôme il y a le sapin illuminé
mais dans sur la via del Corso il n'y a pas les lumières / pour l'Automne chaud la commune les a enlevées
Sur la piazza Fontana le trafic est animée / c'est le marché de quartier des agriculteurs
sur l'autobus pour Milan dans quelques heures / la tête dans le collet du manteau relevé
Il faut faire tout en vitesse / parce que la banque ferme les guichets
oh comme tout vole ainsi en vitesse / l'épargne et les gens, tout ainsi en vitesse

Non, non, non, on ne peut plus dormir
la lune est rouge, rouge de violence
Il faut pleurer insomniaques pour comprendre
que la dernière justice bourgeoise s'est éteinte

Descend décembre sur le soir / sur les gens qui parlent de Noel
si cette vie avait un avenir / ils rentreraient à la maison, pourraient même promener
Les gens se disent que piazza Fontana / a peut-être éclaté une chaudière
là sur la place seize morts / un cardinal les bénit

Non, non, non, on ne peut plus dormir

Nuits de sang et de terreur /
dévalent sur mon pays
qui payera pour les victimes innocentes ? /
 Qui rendra la vie à Pinelli le cheminot ?
Hier j'ai rêvé de mon patron / à une réunion confidentielle
ils ont tous enlevés leur chapeau / avant de faire ce massacre

Non, non, non, on ne peut plus dormir

Sur la montagne de nos martyrs / je chante en jurant sur Gramsci et Matteotti
sur l'ouvrier tombé en chantier / et sur les camarades enterrés en prison
Comme un vieux, descend le fascisme
suce la vie, de toute jeunesse
ne sentez-vous pas ce cri sur la barricade ?
La classe ouvrière l'attendra en armes !
 
(refrain 2X)


Plus sur le groupe Banda Bassotti …

Le film Piazza Fontana

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021