"L'argent sert à acheter des armes, (...) mais aussi à payer des villas"
Ce trafic ne va pas s'arrêter de sitôt. L'armée congolaise n'est pas efficace - c'est un héritage de Mobutu - et les généraux bénéficient aussi de ce business. Ils disent aller à Kivu pour faire la guerre, mais ils y vont aussi pour s'enrichir. Chaque faction, l'armée congolaise, les milices tutsies, etc, tous profitent de cette situation et n'ont pas intérêt à la changer.
Difficile de dire combien ce trafic rapporte aux généraux et aux rebelles. L'argent sert en tout cas à acheter des armes, à financer les deux camps, mais aussi à payer des villas et des produits de luxe.
Il faudrait que l'armée congolaise contrôle ce commerce et taxe les minerais à la frontière, ou alors que les pays étrangers mettent en place un embargo sur ces produits. Pour l'instant, le trafic prospère grâce à l'intervention du Rwanda, qui ferme les yeux sur les méthodes de recrutement de Laurent Nkunda et qui lui fournit même des recrues. Ce dernier bénéficie d'ailleurs également de soutiens aux Etats-Unis."
"[Les entreprises] ne posent jamais de question"
Les minerais sont ensuite achetés par des hommes d'affaires congolais et vendus à des "comptoirs" de villes frontalières. Ils quittent le pays sous forme brute et ne sont traités qu'ensuite dans des pays étrangers, en Malaisie par exemple. Une fois retravaillé, le coltan est acheté par les constructeurs de téléphone portable, d'ordinateurs et d'autres produits. Je ne peux pas dire que ces entreprises achètent directement ce minerai aux rebelles, mais je sais qu'elles ne se préoccupent pas de l'origine de la marchandise. Elles ne posent jamais de question.
En ce moment, nous dépouillons les statistiques pour identifier les entreprises qui se fournissent en République démocratique du Congo. Mais il est difficile de remonter la chaîne de production. C'est pourtant ce que devraient faire les acheteurs de ces minerais. L'OCDE a d'ailleurs émis des directives en ce sens (Organisation de coopération et de développement économique), mais les entreprises ne sont pas forcées de les respecter."