MANIFESTE DU PARTI OUVRIER (2)

  • le 19/06/2014
  • Robert Bibeau
MANIFESTE DU PARTI OUVRIER (2)

18.06.2014

robertbibeau@hotmail.com

http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-2/

Nous poursuivons la publication d’une série de neuf (9) articles portant spécifiquement sur quatre questions fondamentales pour le mouvement ouvrier mondial :

1) Le problème du sectarisme cette maladie qui sévit depuis des décennies dans le mouvement ouvrier. Le premier article est paru ici.
2) Ensuite, nous aborderons la question de l’unité des forces ouvrières.
3) Nous présenterons les trois instances de la lutte de classe.
4) Nous présenterons cinq leçons apprises de la Révolution d’Octobre

LE SECTARISME MALADIE SÉNILE DU GAUCHISME (la suite-2)

Le sectarisme c’est…

Le sectarisme, c’est s’émouvoir de l’opinion d’un ouvrier parce qu’elle diffère du consensus imposé à l’assemblée. Le sectarisme, c’est brimer le droit de parole dissidente au nom de l’unicité de la pensée soporifique et de la ligne politique unique. Le sectarisme, c’est refuser de participer à une assemblée, à un colloque, à un débat, à un forum, sous prétexte que des représentants anarchistes, révisionnistes, sociaux-démocrates, opportunistes, réformistes, altermondialistes et écosocialistes prendront la parole pour fabriquer du consentement stérilisant.

Depuis dix ans nombre d’organisations de la gauche bourgeoise et leurs militants ont refusé de discuter avec nous, de débattre avec nous. Ces grands «démocrates» (sic) nous ont interdits à leurs colloques et leurs forums populaires. Ils nous ont rayés de leurs listes de diffusion et de leurs médias sociaux. Ils ont refusé de recevoir notre littérature militante et nos analyses politiques de principe, manifestant ainsi leur sectarisme et exprimant leur étroitesse d’esprit et leur allergie envers une confrontation idéologique de principe. Les sectaires psalmodient «Vive la démocratie» et ils lancent les mêmes querelles et ils appliquent la même censure que les médias et les organisations bourgeoises.

Le sectarisme est unilatéral et chimérique

Le sectarisme se caractérise par la mesquinerie qui porte les associations sectaires à analyser les événements historiques et les luttes de classe d’un point de vue unilatéral et chimérique. Une secte se demandera toujours jusqu’à quel point tel ou tel combat lui aura permis de progresser et de recruter de nouveaux affidés, alors que les marxistes se demanderont plutôt jusqu’à quel point cette bataille a aidé la classe à progresser dans sa conscience vers l’émancipation.

Le sectarisme c’est juger un camarade ou un groupe par association en se basant sur des rumeurs, des «on dit que» et autres flagorneries. Le sectarisme c’est suivre aveuglément un chef de bande et citer Marx, Engels, Lénine et d’autres classiques et se donner raison par comparaison. Ce que tu écris et comment tu agis parlent si fort camarade que je n’entends plus ce que tu dis.

Le sectarisme c’est renoncer à défendre une position politique prolétarienne sous prétexte de préserver l’unité de la secte. Un exemple : L’«embourgeoisement» (gentrification) du tissu urbain est inacceptable pour les ouvriers et pour les pauvres chassés de leurs foyers. Mais pas question de démontrer comment ce phénomène se répand et s’épand dans un quartier et dans une ville s’il faut mettre en cause le gouvernement, l’État et le système capitaliste décadent, ce qui bien entendu risquerait de froisser leurs agents qui subventionnent généreusement l’organisation sectaire. Le sectarisme c’est soutenir un point de vue erroné par solidarité communaliste avec un ami ou un membre de sa fratrie.

Le sectarisme est une tactique politique petite-bourgeoise qui origine de la faiblesse théorique des gourous des sectes éclectiques. Le sectarisme surgit quand un parangon désire maintenir son emprise sans partage sur ses catéchumènes. Il les éloigne ainsi des influences prolétariennes «malsaines» (sic). Le sectarisme a complètement contaminé tous les cercles de la gauche depuis que l’Opposition de Gauche a été chassée de la IIIe Internationale. Même l’Opposition de gauche, par réaction grégaire, est tombée dans ce travers.

Partout où notre classe sue et peine, argumente et débat, cherche sa voie et s’interroge sereine, les ouvriers marxistes révolutionnaires seront présents et interviendront chaque fois que nécessaire. Ainsi, en Bretagne, des régionalistes bretons se sont amenés aux manifestations de notre classe avec leur drapeau nationaliste. À nous, ouvriers marxistes, de proposer notre drapeau internationaliste et nos slogans anticapitalistes. Au Québec, quand les étudiants ont hissé le carré rouge de la résistance sur le front économique de la lutte des classes, des nationalistes chauvins sont apparus, avec leur fanion Fleur de lys royaliste et ont perturbé les échauffourées, ce qui n’a pas fait fuir les marxistes révolutionnaires qui au contraire sont demeurés au cœur de la lutte avec nos frères, les étudiants progressistes.

Pourquoi les ouvriers révolutionnaires abandonneraient-ils le soutien à l’organisation et éventuellement la direction (au moment de l’insurrection et pas avant) du mouvement de révolte prolétarien et populaire aux différents contingents bourgeois nationalistes et aux crétinistes parlementaires? Le sectarisme serait ici de capituler, de quitter le champ de bataille et d’abandonner notre classe à l’ennemi irrédentiste.

Le nécessaire travail militant dans les assemblées populaires

Défendre le point de vue ouvrier marxiste et promouvoir la lutte de classe sur le front économique, politique et idéologique dans les organisations de masse, les syndicats et les forums populaires et de quartier ne signifie nullement adhérer aux idées petites-bourgeoises conspiratrices propagées dans l’une ou l’autre de ces assemblées. C’est plutôt refuser d’abandonner notre classe à la propagande bourgeoise. Ce n’est pas au contingent de rejoindre son adjudant, mais au sergent de rejoindre son régiment.

Il faut être conscient qu’en société bourgeoise, la classe capitaliste possède l’hégémonie en tout et sur tout, c’est la classe dominante, ce qui est lourd de conséquences. Un partisan marxiste risque de se retrouver isolé, ostracisé et démuni s’il s’exclut lui-même des réunions syndicales ou de quartiers et des événements politiques organisés par la gauche bourgeoise où inévitablement des idées erronées, puériles, contres-révolutionnaires, réformistes, opportunistes, économistes, anarcho-syndicalistes ou électoralistes seront propagées. Le 1er mai, organiser une manifestation séparée de celle appelée par les centrales syndicales et par les partis de la gauche bourgeoise est un exemple de comportement sectaire. C’est parmi notre classe que nous devons être présents et pas isolés avec quelques lumpens prolétaires libertaires dans un cul-de-sac pour être incarcérés par les policiers.

Comment les camarades marxistes apprendront-ils à renforcer leurs liens avec notre classe ? Comment apprendront-ils à contrer les arguties de la petite bourgeoisie ? Comment apprendront-ils à polémiquer, argumenter, démontrer, étayer, prouver la vérité à propos de ces choses masquées par les agents de la bourgeoise infiltrés dans nos rangs?

La lutte de classe sur le front de la pensée, de la propagande, de la théorie et de l’idéologie est une composante essentielle de la lutte de classe du prolétariat. La participation à cette lutte nous incombe à nous ouvriers marxistes au même titre que le combat sur le front économique et politique de la lutte des classes. Cette lutte idéologique doit être menée dans toutes les assemblées et dans toutes les organisations, sur les médias sociaux, dans les manifestations ouvrières, les assemblées et forums populaires. Le gauchiste qui refuse de polémiquer, d’argumenter, d’étudier et de débattre avec des militants sur les grands événements de notre temps est un sectaire qui doit être dénoncé pour tel.

Contre l’entrisme

Polémiquer, débattre scientifiquement, rigoureusement, argumenter dans une assemblée populaire de quartier, dans une rencontre d’ouvriers, dans un colloque de militants, dans un congrès universitaire ou un forum populaire, dans un regroupement de syndiqués et une assemblée étudiante ne constitue pas de l’entrisme sectaire, mais bien plutôt un travail d’agitation et de propagande légitime et nécessaire pour un ouvrier marxiste révolutionnaire.

L’entrisme est une tactique petite-bourgeoise qui consiste à infiltrer les organisations populaires, populistes, de quartier, syndicales, sociales, communautaires, étudiantes afin d’en prendre la direction.

Dans les années 1970-1980, au plus fort de la précédente vague opportuniste-réformiste, certaines organisations de la gauche bourgeoise ont tenté de s’emparer du contrôle d’associations populaires, d’assistés sociaux, de regroupements de sans-abris, de comités de locataires et d’ONG féministes. Un groupe trotskyste avait pris le contrôle d’un grand syndicat d’enseignants de la région de Montréal, alors que deux groupes maoïstes se sont concertés pour s’emparer de la direction d’une section régionale d’une centrale syndicale nationale. Seule une mésentente sectaire sur le partage des postes de bureaucrates syndicaux à pourvoir a empêché les deux sectes de se hisser sur la chaise de capitaine syndical régional.

Nous vivons sous la dictature de la bourgeoisie qui possède la totale hégémonie sur les organes de pouvoir politique et économique. Quiconque tente de s’emparer de la direction d’une association populiste, d’une organisation féministe, d’une mairie, d’un conseil municipal, d’une association caritative, d’un club de l’âge d’or, ou d’un club de bridge doit présenter patte blanche et manifester son ferme propos de s’amender et de ne rien perturber du fonctionnement normal de la société bourgeoise et surtout jurer fidélité à l’ordre établi.

Si les magouilleurs entristes-sectaires respectent l’ordre établi et gèrent la succursale qui leur a été temporairement confié, comme le ferait un bureaucrate syndical ou un administrateur d’ONG subventionné, ou comme le ferait un président d’association croupion, alors rien à craindre, le parangon sectaire pourra faire carrière bien payée dans cette organisation. Il chaut peu à l’État bourgeois que le petit potentat se coiffe d’un béret de Che Guevara ou d’un bonnet d’âne pourvu qu’il fasse le travail comme l’entend l’État bourgeois. Si d’aventure, le chef de la clique entriste ne respecte pas la loi bourgeoise et ne se soumet pas aux préceptes capitalistes il sera répudié, rejeté, écarté par la direction régionale, provinciale, nationale, fédérale ou internationale, quand ce ne serait pas par la base populiste elle-même, une fois revenue de sa torpeur, suite à ce coup de force à la tête de l’organisation moron. Les chefs des grandes centrales syndicales nationales québécoises, qui avaient temporairement oublié ce précepte fondateur de la légitimité bourgeoise, ont échoué en prison le temps de leur faire entendre raison… Ce qui ne fut pas long!

Il faut comprendre que ce n’est qu’au moment de l’insurrection ouvrière et populaire, quand l’ordre bourgeois craquera de toute part, que l’État bourgeois dépassé et désarticulé volera en éclats, que la population refusera d’être gouvernée par ces impotents, que les ouvriers révoltés chercheront une alternative au pourvoir bourgeois, que l’hégémonie idéologique, théorique, politique, et surtout que l’immense pouvoir économique capitaliste se sera effondré, dans une crise anarchique sans précédent; ce n’est qu’à ce moment que la conscience de classe en soi et pour-soi du prolétariat, faisant un bond prodigieux, aura atteint un niveau suffisant pour concevoir et vouloir tout le pouvoir pour les soviets ouvriers, comme forme spécifique de la dictature du prolétariat. Alors il sera temps, et alors seulement, pour la classe (et non pas pour les apparatchiks d’un parti politique) de s’emparer de la direction des organes du pouvoir politique, militaire et économique (surtout).

Les ouvriers marxistes seront-ils prêts à fournir l’expertise pour suggérer les voies de l’édification socialiste? La prochaine fois que l’ordre bourgeois éclatera, la société capitaliste à son stade impérialiste aura atteint le plein développement de ses forces productives et de l’évolution de ses rapports de production, au point de ne pouvoir survivre à son effondrement. Deux modes de production opposés et contradictoires ne peuvent ni ne doivent coexister. L’avènement de l’un signifie l’achèvement de l’autre. Où alors, ce sera partie remise, et il faudra comme la dernière fois (1917) attendre la prochaine opportunité révolutionnaire. Ce n’est pas pour s’emparer de quelques postes de direction et pour jouer les fonctionnaires de la gauche à la solde du capital que doivent s’activer les militants marxistes, mais pour se préparer à soutenir la classe dans sa conquête de tout le pouvoir politique et économique. Ce n’est pas la classe qui est au service du parti, mais le Parti révolutionnaire qui est au service de la classe révolutionnaire (le prolétariat).

Il n’est d’aucun intérêt de pratiquer l’«entrisme» dans les organismes bourgeois pour aller y vendre ses services aux opportunistes et aux réformistes gauchistes qui se soumettent à l’idéologie dominante avec un petit côté revendicateur, hargneux et coléreux. Ils réclament plus de réformes dans l’espoir de sauver le capitalisme, ce qui est absolument impossible. La bourgeoisie ne le peut pas et son aile gauchiste en est tout aussi incapable. Ce n’est pas pour réparer les injustices du système capitaliste que nous œuvrons à sa destruction, mais simplement parce que ce mode de production est rendu au bout de son évolution. Il est devenu inopérant. Il ploie sous ses contradictions et ne parvient plus à assurer sa reproduction élargie. Il est paralysé, ne peut plus se développer et il se traîne de crise en crise à la recherche d’une chimérique solution à ses contradictions insolubles.

Ainsi, à l’élection des députés à l’assemblée de l’Union européenne, une secte de gauche revendiquait une hausse généralisée du SMIC, alors qu’une autre clique réclamait l’augmentation des salaires, tandis qu’une troisième secte exigeait un emploi pour tous les travailleurs. C’est devant les usines en grève que ces revendications doivent être menées et gagnées (si elles le peuvent). La bourgeoisie vit de l’exploitation du travail salarié. Si elle pouvait mettre tous les salariés au travail pour leur arracher de la plus-value elle le ferait. Ces sectes d’opportunistes croient qu’il suffit d’exiger des hausses de salaire pour les obtenir. De fait, ces sectes gauchistes savent que ces revendications électoralistes futiles ne visent qu’à accaparer le vote de quelques désespérés, pour s’enfuir ensuite avec le poste de député. N’allez pas débattre de tout cela avec ces sectaires, ils refuseront de rendre compte de leur trahison.

Toutes ces expériences ratées d’«entrisme» dans les organisations de masses et communautaires, syndicales, d’ONG subventionnées et d’associations populaires, doivent-elles amener le militant marxiste révolutionnaire à se retirer sur ses terres pour construire sa ferme bio sur une commune rurale, où à s’assembler en micro cellule dans la cave de son condo et fuir toute organisation, assemblée, colloque, forum, association ou manifestation gauchiste tel un esthète monastique ?

Certainement pas! Partout où notre classe est niée, diffamée, exploitée, rejetée, aliénée, galvaudée, trompée, partout où elle résiste farouchement, confusément, chancelante, hésitante nous y serons. Pas devant la parade –pas pour le moment– mais parmi eux, en plein milieu, écoutant, analysant et fournissant les mots d’ordre unificateurs appropriés qui font avancer le combat et fructifier la conscience de classe. Menant le coup de pierre et érigeant la barricade parmi eux. Le sectarisme, maladie sénile du gauchisme, c’est d’abandonner notre classe aux charlatans de la misère et de la guerre mortifère.


À SUIVRE…
VIENT DE PARAÎTRE
MANIFESTE DU PARTI OUVRIER
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782753900073


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